La Finlande recherche de la main-d'œuvre: comment partir y travailler?

La Finlande a récemment été désignée "pays le plus heureux du monde". - ALESSANDRO RAMPAZZO / AFP
Et si vous partiez vivre de l'autre côté de l'Europe? La Finlande recherche désespérément de la main-d'œuvre pour pallier sa crise démographique. Le pays nordique, confronté à l'une des pénuries de travailleurs qualifiés les plus importantes d'Europe, aurait besoin d'un solde migratoire positif de 20.000 à 30.000 personnes chaque année pour soutenir son économie, soit le double d'aujourd'hui. Dans le secteur de la santé, sans les travailleurs étrangers, il faudrait qu'un jeune Finlandais sur quatre se forme au métier d'infirmier pour occuper tous les postes disponibles.
Désignée "pays le plus heureux du monde" pour la quatrième année consécutive, la Finlande peine pourtant à attirer les talents extérieurs. Pour ceux qui seraient tentés par l'aventure finlandaise, c'est peut-être le moment de traverser la Baltique. Sa capitale et plus grande ville Helsinki, et son agglomération de plus d'un million d'habitants, est le cœur économique du pays. Il faut aussi compter sur Tampere (240.000 habitants) au milieu des terres, sur la nordique Oulu (200.000 habitants) ou encore Turku (200.000 habitants) sur la côte ouest face à l'archipel d'Åland et à la Suède.
• Des démarches administratives simples
La Finlande étant membre de l'UE, il suffit d'un passeport ou d'une carte nationale d'identité valide pour entrer dans le pays. Dès l'arrivée sur le territoire, en tant que citoyen européen, il est possible de travailler, d'étudier ou de créer une entreprise au même titre que les Finlandais.
C'est pour les séjours de plus de trois mois que ça se complique: il faut alors déclarer sa présence auprès du bureau de la police, puis demander son enregistrement comme résident – cela concerne tous les membres d'une même famille – auprès du Bureau de l’enregistrement local (Maistraatti) qui fournira un numéro d’identification (henkilötunnus), nécessaire pour effectuer d'autres démarches administratives dans le pays, indique le Quai d'Orsay.
Attention: il faut prouver que l'on dispose de "ressources financières suffisantes" pour vivre dans le pays – en présentant, par exemple, le salaire mensuel versé par le nouvel employeur finlandais – pour être enregistré en tant que résident, précise le site InfoFinland, édité par la ville d'Helsinki.
• La santé et la construction recrutent
Partir en Finlande, mais pour quoi faire? Le pays compte plusieurs grandes multinationales – outre Nokia dans les télécommunications, citons Kone, spécialisée dans les ascenseurs, ou Wärtsilä, qui fabrique des générateurs électriques – mais aussi un écosystème de PME et de start-up reconnues pour leurs innovations dans le secteur de l'économie digitale, des jeux vidéo ou des centres de données pour le cloud, explique la Direction générale du Trésor.
Mais la pénurie de main-d'œuvre est la plus importante dans la santé et les services à la personne: le pays manque d'aides-soignants, d'infirmiers, de médecins. La situation est similaire dans la construction et le bâtiment: si vous êtes charpentier, maçon, soudeur, conducteur de machine-outil ou encore ingénieur civil, la Finlande aura besoin de vous. Dans l'éducation et certains secteurs du commerce, mais aussi la conception de logiciels, beaucoup d'offres manquent de candidats.
Le top 15 des métiers les plus recherchés en Finlande, selon le baromètre édité par le ministère finlandais des Affaires économiques et de l'Emploi:
- Personnel infirmier
- Spécialistes du travail social
- Audiologistes et orthophonistes
- Aides-soignants en institution
- Éducateurs de la petite enfance
- Médecins généralistes
- Médecins spécialistes
- Dentistes
- Enseignants et éducateurs spécialisés
- Psychologues
- Aides-soignants à domicile
- Conducteurs d’engins de terrassement
- Télévendeurs
- Couvreurs et zingueurs
- Assistants en médecine dentaire
• Un haut niveau de vie, mais un climat rude
La Finlande, ce sont des hivers longs, et très froids, mais ce sont aussi des forêts à perte de vue, plus de 1000 kilomètres de côtes et des centaines d'îles et de lacs: le pays, presque aussi grand que l'Allemagne, est peuplé de seulement 5,5 millions d'habitants et est presque entièrement boisé. Outre le cadre naturel, ce sont aussi ses services publics performants, son système scolaire reconnu dans le monde entier et sa qualité de vie qui attirent les néo-Finlandais.
En contrepartie, les prix y sont relativement élevés par rapport à la France – à noter que, contrairement à la Suède ou au Danemark, la Finlande a adopté l'euro. La nourriture coûte en moyenne 20% plus cher qu'ailleurs en Europe, indique InfoFinland. Concernant le logement, il faut compter entre 10 et 30 euros/m² pour une location. Par ailleurs, étant donné le climat finlandais, la facture de chauffage est souvent salée dans les maisons individuelles, parfois près de la moitié des frais d'habitation.
• La plus grosse barrière: apprendre le finnois
C'est souvent la maîtrise nécessaire du finnois qui freine les projets d'installation en Finlande. Bien que les Finlandais aient généralement un très bon niveau d'anglais, les entreprises travaillent en finnois et très peu d'offres sont accessibles à ceux qui ne connaissent pas du tout la langue locale, réputée compliquée à apprendre. Le finnois, de même que l'estonien et le hongrois, est une langue finno-ougrienne: son orthographe et sa grammaire diffèrent radicalement du français.
Que les aspirants Finlandais se rassurent: dans les faits, ce n'est pas plus compliqué à apprendre qu'une autre langue. L'apprentissage du finnois, souvent pris en charge par les employeurs ou proposé par des instances locales, requiert six mois d'efforts intensifs pour pouvoir effectuer un travail de niveau de qualification moyen, assure le site Voici la Finlande. Par ailleurs, le finnois est doté d'un système d'écriture phonétique très simple, facile à prononcer.