Bouygues, Aéroports de Paris et Colas épinglés par la Banque Mondiale
Un trio tricolore pointé du doigt par la Banque Mondiale. L'institution internationale a sanctionné des entités des groupes français ADP et Bouygues, ainsi que la filiale malgache de Colas, pour pratiques irrégulières lors de la négociation de marchés.
Les faits reprochés remontent à 2015, quand un consortium formé par des entités d'ADP, gestionnaire des aéroports de Paris, du groupe de BTP Bouygues et de la filiale de ce dernier, Colas, négociait un contrat de rénovation et d'extension des aéroports malgaches d'Antananarivo-Ivato et Nosy Be-Fascene.
Espérant un marché de gré à gré, les trois poids lourds français négocient avec les autorités locales en 2014, avant que ces dernières ne se décident à un appel d'offre en 2015. Pendant l'appel de concession, la Banque Mondiale relève "des réunions inappropriées avec des responsables gouvernementaux" malgaches.
Les entreprises plaident coupable
Les trois groupes ont reconnu les faits mais estiment que les règles ont changé en cours de jeu. L'avocat du consortium, Antonin Lévy, a confirmé les accords et qualifié les rencontres reprochées de "réunions techniques avec le donneur d'ordre, relatives à des aspects du projet", soit un "manquement aux règles éthiques de la Banque Mondiale, car quand on est en appel d'offres on ne doit pas parler avec le client".
Me Lévy assure aussi à l'AFP que "l'enquête n'a pas démontré d'impact sur le marché" et le résultat de l'appel d'offre. Après audit, les filiales en cause - ADP International , Bouygues Bâtiment International et Colas Madagascar - ont reconnu des faits et accepté les sanctions, selon la même source.
ADP plus lourdement sanctionné
Un an sans participer à aucun appel d'offres, et une année de mise à l'épreuve : c'est la sanction infligée par la Banque Mondiale à ADP (Aéroports de Paris). Bouygues Bâtiment International a de son côté accepté une mise à l'épreuve d'un an, tandis que Colas Madagascar est exclue pendant deux ans des marchés financés par l'institution.
La compagnie gestionnaire des aéroports parisiens a été plus lourdement épinglée par la Banque Mondiale : et pour cause, elle est impliquée dans un deuxième dossier, en Croatie. A Zagreb, elle est accusée d'avoir employé un intermédiaire sans le déclarer à la Société Financière Internationale (SFI), qui encadre très strictement ces pratiques. Ce, entre juin 2011 et mars 2014, alors qu'elle cherchait à obtenir la concession de l'aéroport de Zagreb.