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Inflation: Les Français se ruent sur les crédits à la consommation

Une hausse calquée sur celle des prix à la consommation

Une hausse calquée sur celle des prix à la consommation - dr

Le recours au crédit conso a cru de près de 9% depuis le début de l'année par rapport à 2021. La croissance est même supérieure à 10% par rapport à l'avant crise du Covid.

Des dépenses de consommation en hausse et des salaires qui n'augmentent pas dans les mêmes proportions. Pour maintenir leur pouvoir d'achat, de plus en plus de Français ont recours au crédit à la consommation. Selon des chiffres de l'Association des sociétés financières (ASF) relayés par Le Parisien, la production de crédit conso a bondi de 8,8% au premier trimestre 2022 par rapport à la même période de 2021.

Au total, ce sont pour 11,8 milliards d'euros de nouveaux crédits qui ont été octroyés entre janvier et mars de cette année contre 10,8 milliards en 2021. Si l’on compare par rapport aux trois premiers mois de 2019, l’activité s’inscrit en hausse de près de 10% (9,8% précisément).

Une hausse d'autant plus conséquente que pour certaines catégories de dépenses, la production de crédits conso a largement diminué cette année. C'est le cas de l'achat de véhicules neuf (-18,3%) ou d'occasion (-4,3%). Pour ce type d'achat, la location avec option d'achat (LOA) devient un mode de financement hégémonique. Au premier trimestre les LOA pour un véhicule neuf ont atteint un montant de 1,93 milliard d'euros (+7,1%) contre 351 millions pour le crédit à l'achat (-18,3%).

Des crédits pour les factures

Si les Français contractent de moins en moins de crédit pour acquérir une voiture, toutes les autres catégories ont connu une forte hausse au premier trimestre. La catégorie "amélioration de l'habitat" qui concerne aussi bien les petits travaux de rénovation ou les achats d'équipement comme des lave-linges, aspirateurs ou téléviseurs a cru de 5,4% en 2022. Les Français ont contracté pour 1,38 milliard d'euros de crédit pour ce type de dépense.

Mais c'est la hausse de deux autres catégories qui est symptomatique de la poussée inflationniste actuelle. Il s'agit des crédits renouvelables en hausse de 13,9% (2,23 milliards d'euros) et surtout des prêts personnels non définis qui ont eu bondi de 16,1% pour atteindre un montant global de 3,54 milliards d'euros. Sur cette catégorie, la hausse est de 8,3% par rapport au premier trimestre 2019.

"La plupart du temps, ce sont des besoins de trésorerie, explique dans Le Parisien Pascale Hébel, experte des tendances de consommation. Il s’agit de familles modestes, qui n’ont pas ou peu d’épargne. Elles ont besoin d’une rentrée d’argent frais pour réussir à payer leurs factures d’énergie et les dépenses contraintes qui s’accumulent."

Selon une autre évaluation réalisée par CheckmonCrédit, si le montant moyen emprunté est de 16.100 euros, près d'un crédit sur cinq nécessite moins de 5000 euros et 22% nécessitent un prêt d’un montant compris entre 5000 et 10.000 euros.

Pas de surendettement

Une recrudescence de petites sommes empruntées qui a débuté au tout début d'année à titre préventif. Avec le retour annoncé de l'inflation sur les produits de consommation, de nombreux Français ont contracté des prêts à la consommation pour piocher dedans sans toucher au bas de laine.

Ce recours accru au crédit conso ne traduit pas pour le moment une fragilité financière des Français. Au contraire même. Entre janvier et fin avril 2022, le surendettement a reculé en France. Le nombre de dossiers déposés a reculé de 13% au premier trimestre selon la Banque de France pour s'établir à 39.113. Au premier trimestre 2021, le nombre de dossiers de surendettement avait frôlé les 45.000.

"On est sur une tendance à la baisse observée depuis plusieurs années qui se poursuit", estime le premier sous-gouverneur Denis Beau à l'AFP.

La prudence reste toutefois de mise car si les Français sont moins surendettés, ils éprouvent de plus en plus de difficultés à rembourser leurs crédits. Au premier trimestre 2022, près de 190.000 Français ont rencontré des difficultés dans le remboursement d’un crédit, soit 15 % de plus que lors de la même période l’an dernier, indique la Banque de France.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco