Grève nationale: le point sur la mobilisation à la mi-journée

De nombreux rassemblements et manifestations sont organisés ce mardi dans les grandes villes de France à l'appel des syndicats CGT et FO pour réclamer plus de pouvoir d'achat et défendre les services publics. Dans l'éducation, 13,55% des enseignants sont en grève, selon le ministère de l'Éducation nationale.
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont commencé à se rassembler un peu partout en France ce mardi pour réclamer davantage de pouvoir d'achat et défendre les services publics lors d'une journée d'action organisée par la CGT et FO, marquée par des grèves dans les écoles.
Hausse du Smic et des salaires en général, revalorisation des retraites, justice fiscale... Les mots d'ordre sont multiples pour cette mobilisation qui veut "amplifier le mouvement social" et à laquelle ont également appelé Solidaires, la FSU et les organisations de jeunesse Unef (étudiants) et UNL (lycéens).
À Paris, plusieurs milliers de personnes ont commencé à défiler en début d'après-midi. Le défilé doit conduire les manifestants du boulevard Saint-Michel au Champ-de-Mars. "Fin du mois, fin du monde même combat", "Il y a du grain à moudre", pouvait-on lire sur les banderoles CGT/FO.
"La mobilisation continue mais ça forme un tout avec ce qui se passe les samedis. Le grand débat semble-t-il est terminé maintenant, il faut des réponses en matière de salaire, de retraite, de justice fiscale, de services publics", a déclaré dans le carré de tête le numéro un de la CGT Philippe Martinez.
À Marseille, 5000 personnes -dont 200 "gilets jaunes"- se sont rassemblées sur le Vieux-Port, selon la préfecture de police. Plusieurs milliers de personnes étaient également réunies à Lyon.
"Réhabiliter la grève"
Éclipsés depuis quatre mois par les "gilets jaunes" et n'ayant pas participé au grand débat initié par l'exécutif, CGT et FO espèrent revenir au premier plan par les manifestations et les grèves.
"Nous ne voulons pas être spectateurs, ni caution de décisions qui pourraient être prises en matière sociale à l'issue du grand débat", explique Yves Veyrier, pour FO, qui veut "réhabiliter la grève", pas utilisée par "les gilets jaunes". De même, la CGT veut "placer le débat où il doit être", notamment par "des actions dans l'entreprise et dans la rue". "Nous devenons un pays de bas salaires", déplore Philippe Martinez.
Lors de la dernière journée le 5 février, le ministère de l'Intérieur avait recensé 137.200 manifestants et la CGT près de 300.000. Des militants FO étaient présents mais pas la confédération, fragilisée ces derniers mois par le scandale du fichage des cadres qui avait abouti au départ du secrétaire général Pascal Pavageau.
Cette journée avait été aussi marquée par la présence au sein des cortèges de "gilets jaunes". Mais ce "début de convergence" pour la CGT reste à confirmer: mardi, la police comptait 1900 manifestants à Clermont-Ferrand, dont seulement 50 "gilets jaunes".
Comme les fois précédentes, la CFDT, qui a fait le choix de participer au grand débat en y versant son "pacte du pouvoir de vivre", ne s'est pas associée à cette journée "dont on ne sait pas vraiment quel est le mot d'ordre", selon Laurent Berger.
13,55% des enseignants en grève
Une mobilisation importante avait été anticipée dans les écoles maternelles et primaires où le principal syndicat, le Snuipp-FSU, s'attendait à ce que quatre enseignants sur dix ne fassent pas classe pour protester contre le projet de loi "sur l'école de la confiance". Selon les premiers chiffres du ministère de l'Éducation nationale, 13,55% des enseignants sont en grève. La plus forte participation est observée chez les professeurs des écoles qui sont près de 24% à faire grève.
Parmi les critiques, l'instruction obligatoire à 3 ans sans moyens supplémentaires selon eux, les évaluations au primaire ou le fait que les écoles seraient placées sous l'autorité d'un principal de collège. "Le contact avec les parents est primordial et ce ne sera plus le cas avec un principal", explique Laurence Clément, directrice d'une école maternelle à Marseille.
Autre facteur de mobilisation, le projet de réforme de la fonction publique, qui prévoit notamment un recours accru aux contractuels, une plus grande individualisation de la rémunération, ainsi que des mesures pour "favoriser la mobilité" des agents, qui s'inscrivent dans l'objectif de réduction des effectifs de 120.000 postes d'ici à 2022.
Les transports et les prisons touchés
Dans les transports, le trafic était normal à la SNCF et quasi normal à la RATP, selon les deux entreprises. En revanche, les transports en commun ne fonctionnaient pas sur la Côte d'Azur. Chez les contrôleurs aériens, 10% des effectifs sont en grève.
Plusieurs établissements pénitentiaires étaient par ailleurs bloqués comme à Saint-Martin-de-Ré et Bordeaux-Gradignan. Les syndicats de Pôle emploi ont également appelé à la grève contre les suppressions de postes chez l'opérateur public.
Trois jours après le saccage des Champs-Elysées, le bon déroulé de la manifestation parisienne sera également suivi de près. Édouard Philippe a annoncé lundi soir l'interdiction de manifester "chaque fois qu'il le faudra", dans les quartiers "les plus touchés", "dès lors que nous aurons connaissance d'éléments +ultras+ et de leur volonté de casser". "La violence est un aveu de faible. Nous, nous appelons à manifester dans le calme", a réagi Yves Veyrier, (FO) dénonçant les "violences inadmissibles" de samedi.
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