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Transports

Pris d'assaut, les jets privés n'arrivent plus à répondre à la demande

Un jet privé en vol

Un jet privé en vol - Image Pxhere, domaine public

Alors que le transport aérien reste toujours affecté par la crise sanitaire, les plus riches se sont tournés vers les jets privés. Si bien que les compagnies manquent de ces petits avions très demandés.

Les premières classes des compagnies aériennes peinent à se remplir depuis la relance du trafic aérien. Car les passagers les plus fortunés se sont tournés vers des vols plus pratiques pour eux: les jets privés. Selon les chiffres du cabinet WingX, relayés par le Financial Times, plus de 4,2 millions de vols en jet privé ont eu lieu cette année. Plus qu'en 2019.

Rien que pour la première semaine de novembre, le nombre de vol était en hausse de 19% par rapport à la même semaine en 2019.

Pourquoi un tel engouement? La crise sanitaire continue de peser sur le trafic aérien qui a limité le nombre de ses vols. Or, un nombre important de ces vols en jet ne sont pas des vols d'affaires mais des vols touristiques alors que les Etats-Unis ont rouvert récemment leurs frontières. La crise sanitaire a aussi fait bondir la fortune de certains américains qui ont donc délaissé la première classe pour ces petits avions privés, avec l'assurance d'un vol sans passagers potentiellement malades du Covid-19.

Les jets s'arrachent

Résultat, la demande explose et les compagnies spécialisées ne peuvent plus répondre. FlexJet a ainsi fermé son programme aux nouveaux clients tout comme son concurrent NetJets, contraint d'investir 2,5 milliards de dollars pour acheter 100 nouveaux avions.

Les jets d'occasion s'arrachent et les neufs peinent encore à sortir des usines, toujours mises à mal par les pénuries de composants. La plupart des constructeurs ne livreront pas avant 2024 au mieux. Selon un analyste du secteur interrogé par Reuters, le nombre de livraison devrait passer de 700 par an aujourd'hui à 900 par d'ici 2025.

Nouveaux riches et pollution

Mais cet engouement est menacé par un sévère retour de bâton. Tout d'abord, le jet privé a de plus en plus mauvaise presse: il représente 20 fois plus de CO2 par passager qu'un avion de ligne. Quelques jours après la COP26, où la plupart des dirigeants étaient justement venus en jet privés, la comparaison sera difficile à assumer dans le cadre de la transition énergétique.

Surtout, cette activité est généralement cyclique: elle explose lorsque l'économie flambe et retombe comme un soufflet à la moindre turbulence. "Ceux qui ne s'en méfie pas dans cette industrie… je ne sais pas où ils étaient au cours des dernières décennies" explique au FT Marine Eugene, directrice générale de FlexJet en Europe.

D'autant que des nouveaux riches veulent désormais s'offrir leur propre jet. "Ce sont des gens qui n'ont jamais reçu de facture de maintenance d'un million de dollars" prévient un courtier qui fait le parallèle avec la crise de 2008. Porté par les airs, le jet risque d'affronter des vents contraires.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business