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Pourquoi le retour rapide du Boeing 737 MAX dans le ciel s'éloigne

L'agence fédérale de l'aviation américaine (FAA) a récemment découvert un risque potentiel que Boeing doit atténuer, intime le régulateur aérien, sans pour autant préciser le problème en question.

L'agence fédérale de l'aviation américaine (FAA) a récemment découvert un risque potentiel que Boeing doit atténuer, intime le régulateur aérien, sans pour autant préciser le problème en question. - Stephen Brashear-AFP

Le retour rapide du 737 MAX de Boeing dans les airs s'assombrit après la découverte d'une faille "potentielle" par les États-Unis. Ce défaut serait susceptible de repousser de plusieurs semaines la nouvelle certification de cet avion phare cloué au sol depuis mi-mars après deux accidents ayant fait 346 morts.

Boeing est loin d'en avoir fini avec les problèmes du Boeing 737 MAX. L'agence fédérale de l'aviation américaine (FAA) "a récemment découvert un risque potentiel que Boeing doit atténuer", intime le régulateur aérien outre-Atlantique, sans pour autant préciser le problème en question. La faille a été découverte la semaine dernière par les pilotes de la FAA lors des essais sur simulateur, qui reproduisent les conditions réelles en vol, a déclaré une source proche du dossier sous couvert d'anonymat.

Les pilotes de la FAA ont eu du mal à reprendre rapidement le contrôle de l'avion après avoir activé le système anti-décrochage MCAS, mis en cause dans l'accident de Lion Air en Indonésie en 2018 et celui d'Ethiopian Airlines en mars en Ethiopie, a dit cette source.

Le régulateur demande la réparation du défaut détecté

L'autorité a demandé à Boeing de réparer cette faille, qui est de nature à retarder l'essai en vol du 737 MAX modifié, vol test nécessaire pour la nouvelle certification de cet avion qui représente plus de 75% du carnet de commandes de Boeing. Il n'a toutefois reçu qu'une seule commande, par le groupe IAG (British Airways, Iberia, Vueling et Aer Lingus) lors des quatre derniers mois.

Ce nouveau problème indique que le vol test ne sera pas effectué avant le 8 juillet, a indiqué une source gouvernementale. Il va falloir à la FAA au moins de deux à trois semaines pour examiner les modifications effectuées par Boeing pour régler le problème, a dit cette source.

L'immobilisation au sol pourrait s'allonger au-delà de l'été

En outre, il est difficile de savoir pour l'instant si le colmatage de cette faille exige une simple mise à jour du logiciel ou des changements en profondeur. Dans ce dernier cas, le 737 MAX devrait rester immobilisé au sol pendant encore de longues semaines. Boeing n'a pas souhaité dévoiler la nature du problème: "Résoudre le problème va réduire la charge de travail des pilotes", a simplement déclaré un porte-parole.

L'immobilisation au sol du 737 MAX pourrait s'allonger au-delà de l'été, ce qui douche les espoirs de l'avionneur et des compagnies aériennes clientes comme American Airlines, SouthWest et United Airlines. Ces dernières tablaient initialement sur une levée de l'interdiction de vol vers la mi-août au plus tard, tandis que Boeing espérait limiter la facture de cette crise sans précédent. Le constructeur, qui a suspendu les livraisons et réduit la production de 52 à 42 appareils par mois, a estimé mi-avril à 1 milliard de dollars le premier coût financier.

Les pilotes américains réclament une meilleure formation

Le retour en service du 737 MAX est également assombri par la demande des pilotes américains à une meilleure formation, ce qui passerait par des simulateurs de vol. Or cette dernière solution prendra du temps, faute de nombre suffisant de simulateurs, et coûtera beaucoup plus cher. Il n'existe que quatre simulateurs capables de reproduire exactement les conditions de vol du MAX: un aux États-Unis, deux aux Canada et un en Éthiopie.

La FAA veut par ailleurs que les autorités de l'aviation civile d'autres pays lui emboîtent le pas une fois qu'elle aura approuvé le 737 MAX modifié. Ce n'est gagné car les Européens et les Canadiens veulent procéder à leur propre inspection de l'avion.

Frédéric Bergé avec AFP