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En Europe, la France est de loin le pays à avoir subi le plus fort impact sur les retards de paiements

Le taux de factures impayées reste à un niveau très élevé en France

Le taux de factures impayées reste à un niveau très élevé en France - Pixabay / FirmBee

Un an après le début du premier confinement, notre partenaire Sidetrade fait le bilan des factures impayées entre les entreprises françaises.

Confinements et restrictions ont fortement pesé sur la trésorerie des entreprises. D'abord parce que le chiffre d'affaires ne rentrait plus, ou moins, mais aussi parce que de nombreuses factures sont restées en souffrance, bien plus que d'habitude.

BFM Business et son partenaire Sidetrade publient régulièrement le baromètre de ces factures impayées à 10 jours qui au plus haut de la crise ont atteint 38% du volume total contre un niveau pré-pandémique de 19%. Au 8 mars dernier, ce taux était de 22%.

Un an après le début du premier confinement, l'heure est au bilan et aux comparaisons européennes. Et à ce petit jeu, la France fait clairement office de mauvais élève.

L'agroalimentaire, secteur le plus impacté par les impayés

"La France est, parmi les 6 pays européens suivis, le pays ayant subi, de loin, le plus fort impact sur ses retards de paiement. Au 16 mai 2020, au plus fort de la crise, le taux d’impayés a ainsi presque doublé (+98%). Depuis, la France s’est placée presque constamment en tête sur cet indicateur', souligne Sidetrade.

"Le second confinement (30 octobre 2020) n’a pas eu d’impact significatif sur les retards de paiement, le taux d’impayés passant au contraire sous le seuil pré-pandémie (19%) à plusieurs reprises au cours de la période. Le taux d’impayés en France a ainsi atteint son plus-bas depuis le début de la crise le 8 décembre 2020 (18%). La France est cependant le seul pays à ne pas être resté durablement en dessous de son seuil pré-pandémie depuis septembre 2020", ajoute le spécialiste.

Le secteur ayant présenté le plus fort taux d’impayé en France est l’agroalimentaire: 72% le 5 septembre (soit une progression de +84% à cette date). Le secteur semble en voie de normalisation depuis décembre 2020 malgré une remontée sensible depuis le mois de février.

Assez logiquement, le secteur ayant subi le plus fort impact sur ses impayés est le commerce de détail, enregistrant une progression de +153% le 15 mai 2020 (33% d’impayés). Ce secteur semble aujourd’hui revenu durablement à la normale, autour de 13% d’impayés.

Le secteur ayant enregistré le plus faible impact est, sans surprise, celui des technologies de l’information. D'ailleurs, le secteur a retrouvé dès le 21 juin son niveau nominal. "Le secteur est resté très en dessous de la moyenne nationale, descendant même plusieurs fois à 11% d’impayés, soit une baisse de -47% par rapport à son niveau pré-pandémie", avance Sidetrade.

Le meilleur élève: les Pays-Bas

Géographiquement, le pays ayant enregistré le plus fort taux d’impayés demeure le Royaume-Uni, avec un pic à 43% d’impayés le 2 mai 2020. Le pays n’affichait cependant qu’une augmentation de +42% par rapport à sa situation nominale (contre +98% en France.

Le pays ayant enregistré le plus faible impact sont les Pays-Bas. Il a atteint son pic à plusieurs reprises entre avril et mai 2020, à seulement 19% d’impayés, soit une hausse maximum de 25% par rapport à son seuil pré-pandémie. Il s’agit du seul pays à avoir enregistré une baisse presque constante depuis lors, et il se trouve depuis juin 2020 presque constamment en dessous de son niveau pré-pandémie, enregistrant même régulièrement un niveau 40% inférieur...

Le paiement dans des délais raisonnables des factures émises par les fournisseurs à leurs clients entreprises sera primordial pour accompagner la reprise économique cette année. Sur BFM Business, Pierre Pelouzet, Médiateur des entreprises soulignait en décembre dernier, la diminution de ces retards de paiement voire du nombre de factures impayées sera la clé en 2021 pour permettre aux entreprises de rebondir en retrouvant de la trésorerie.

Solidarité économique

Il va falloir que tout le monde fasse un effort, c'est justement en 2021 quand l'économie va se retende qu'il va falloir que tout le monde fasse un effort et paye les factures à l'heure", martèle le médiateur.

Et de poursuivre: "on est dans une situation où beaucoup d'entreprises sont dans une situation de trésorerie zéro. (...) Quand on reçoit un bon de commande, il faut le financer, ça demande de la trésorerie pour l'achat de matières premières par exemple. Et c'est là où tout retard de paiement met en difficulté l'entreprise".

Le médiateur rappelle d'ailleurs l'existence "l'affacturage du bon de commande", "c'est un outil nouveau qu'on n'utilise pas assez qui permet à une entreprise qui reçoit un bon de commande de faire financer par une société d'affacturage le bon de commande avec la garantie de l'Etat. Et ça, c'est de la trésorerie immédiate".

Pour Pierre Pelouzet, "2021 doit être l'année où tout le monde paye à l'heure voire même en avance: n'hésitez pas à payer vos fournisseurs le plus tôt possible. Appuyez sur le bouton! La solidarité économique va être la clé de la reprise économique en 2021".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business