BFM Business
Economie

EDITO. Michel Barnier: un discours probusiness c'est bien, des actes c'est mieux

placeholder video
L'ÉDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. Le Premier ministre a tenu hier un discours probusiness amplement applaudi au salon Impact PME. Un message rassurant pour les entreprises, mais battu en brèche par les incertitudes budgétaires.

Une semaine après être venu au Medef, le Premier ministre a remis le couvert jeudi avec le patronat en adressant un long discours au Salon Impact PME. L'occasion, de donner une coloration plus probusiness à sa politique, pas toujours très lisible.

Plusieurs mesures ont été applaudies par une audience en manque de preuve d'amour.

Les chefs d'entreprise ont dit bravo au maintien des baisses de charges jusqu’à 2,25 SMIC, c’est bon pour l’emploi. Bravo à la quasi-sanctuarisation du CIR, du CII, du statut de JEI, c’est bon pour l’innovation. Bravo à la préservation du Pacte Dutreil, essentiel pour la transmission des entreprises familiales.

L’Edito de Raphaël Legendre : Michel Barnier, gare aux faux-semblants - 29/11
L’Edito de Raphaël Legendre : Michel Barnier, gare aux faux-semblants - 29/11
3:31

Bravo encore pour la grande loi simplification en préparation, surtout si elle met en sourdine les textes qui assomment les PME de contraintes administratives, comme la CSRD sur le reporting extrafinancier. “Je préfère des entreprises qui décarbonent plutôt que des entreprises qui font reporting”, a dit Michel Barnier. Encore Bravo !

Un budget de renoncements

Si l’on ne peut que saluer les accents probusiness que le Premier ministre tente de donner à ce budget, on a quand même à faire à un texte Frankenstein qui pour l’instant n’est qu’un agrégat sans formes de concessions accordées à EPR, DR et maintenant RN avec la suppression de la hausse des taxes sur l’électricité, la grande annonce d’hier.

La marque principale de ce budget est celle du renoncement, ce qui ne présage rien de bon pour l’avenir. Car ces concessions aux uns et aux autres commencent à coûter cher, très cher.

800 millions sur les retraites, 2,4 milliards sur les allégements de charges, 3,4 milliards sur l’électricité... On est déjà à près de sept milliards. Les parlementaires qui suppriment en CMP les 7 heures de travail gratuit, c’est un manque-à-gagner de 2,5 milliards sur les recettes, les concessions faites aux collectivités, c’est 2 à 3 milliards de plus...

Ajoutez à cela les concessions faites en interne à Didier Migaud, Rachida Dati ou Bruno Retailleau, ou bien encore aux agriculteurs... c’est un milliard de plus. En réalité, on est à plus de 10 milliards de cadeaux, qui sont loin, très loin d’être financés.

Où sont les économies ?

En face, on cherche toujours les économies pour gager ces “bougés” comme on dit désormais. Et ce n’est pas fini. Le RN continue de faire monter les enchères sur les retraites, les allégements de charges ou les médicaments

Et sans économies, ce sont soit les impôts qui montent, soit le déficit qui s’envole. dans le pire des cas, les deux se conjuguent. C'est la menace qui plane aujourd'hui sur l'Hexagone.

Le Premier ministre comme le ministre du Budget ont déjà acté le renoncement à revenir à 5% de déficit en 2025, alors que le déficit moyen de la zone euro est revenu à 3% en 2024.

Et regardez ce qui se passe au Sénat sur les impôts : hausse de la flat tax, durcissement de l’exit tax et élargissement de l’IFI... Tout ça en une soirée ! LFI en rêvait, le tandem Modem / PS l’a fait. Le réveil risque d'être difficile en 2025.

Raphaël Legendre