Réforme des retraites: faire grève, combien ça coûte aux participants?

Lorsqu'ils décident de se mettre en grève, les salariés peuvent renoncer à une part importante de leur salaire. Pour les soutenir, les organisations syndicales puisent dans des "caisses de grèves".

Une journée de grève massive pénalise l'activité économique du pays - malgré des effets de rattrapages ultérieurs - mais aussi le porte-monnaie des grévistes. En effet, ces derniers renoncent à une journée de salaire lorsqu'ils se mettent en grève. Pour les plus précaires d'entre eux, la moindre journée de salaire retirée peut représenter une somme conséquente à la fin du mois.

"Il faut pouvoir faire grève. Si je fais grève, ça me coûte 75 euros, indiquait Ludovic, un célèbre éboueur à la mairie de Paris, sur le plateau de BFMTV il y a quelques jours. Je peux pas me permettre de perdre 75 euros, je suis tout seul chez moi. Il faut que je remplisse mon frigo, comment vais-je faire pour manger?"

Les conséquences financières varient évidemment d'un statut à l'autre. Pour un employé du secteur privé, le salaire horaire moyen s'élevait à 11,3 euros net d'après les données de l'Insee en 2019, ce qui représente 79,1 euros net sur une journée de travail de 7 heures. Pour un ouvrier, ce salaire net moyen est de 82,6 euros pour le même volume horaire journalier et atteint même 193,2 euros net la journée pour un cadre.

Pas de remboursement automatique

Alors que certaines organisations syndicales veulent inscrire la mobilisation contre la réforme des retraites dans la durée, une grève reconductible pourrait être difficile à supporter pour certains grévistes.

C'est pour répondre à cette problématique que les syndicats mettent en place des caisses de grèves qui font appel à la solidarité pour soutenir les salariés les plus précaires se mettant en grève. Leur montant varie en fonction des organisations: du côté de la CFDT, l'indemnité pointe à 7,70 euros la journée pour les adhérents.

"Ca ne sert pas pour rembourser de manière automatique les journées de grève de nos adhérents et nos adhérentes, insiste Jules Siran, syndicat SUD-Éducation.

"En revanche, ça sert à collecter de l’argent pour organiser la solidarité, c’est-à-dire que ça permet aux personnes qui ne sont pas de service les jours de grève, qui sont retraitées ou qui ont des revenus suffisants de donner de l’argent dans une caisse de grève". Et d'ajouter: "Cela limite la casse pour nos collègues qui ont les revenus les plus bas, les plus précaires."

Timothée Talbi