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Mobilisation du 11 février: des manifestations massives plutôt que des grèves en pleines vacances?

Si la journée du 7 février soutenue par l'intersyndicale fait consensus entre les différentes organisations, le samedi 11 février suscite des divergences en pleines vacances scolaires.

Le samedi 11 février sera-t-elle une journée noire dans les transports pour les Français? Dans la foulée de la seconde journée de mobilisation du 31 janvier, l'intersyndicale a fixé les journées des 7 et 11 février comme prochaines échéances.

Alors que le mardi fait l'unanimité pour une grande journée de grèves et de manifestations, ce n'est pas le cas du samedi qui tombe en plein milieu des vacances de la zone A et correspond au premier week-end de départ des Français de la zone B. Les départs en vacances risquent-ils d'être compromis par des mouvements de grève dans les transports?

"Concernant le 11, on a mis en débat la possibilité de ne pas avoir un appel à la grève à la SNCF sur cette journée et d'avoir un simple appel à manifestation", indiquait dès mercredi le secrétaire fédéral de SUD-Rail Erik Meyer.

"L’objectif est d’avoir une mobilisation populaire et des manifestations qui montent en puissance, pas d’avoir un taux de grévistes élevé", insistait le représentant au micro de BFMTV ce vendredi, promettant une communication des quatre fédérations cheminotes sur la journée du 11 au plus tard lundi.

Laurent Berger a fait pencher la balance

Ces derniers jours, une scission semblait se dessiner entre les organisations syndicales cheminotes avec d'un côté, la CGT et SUD-Rail qui souhaitaient faire grève les 7 et 8 février et de l'autre, la CFDT qui restait sur les dates des 7 et 11 février. La dernière prise de parole du secrétaire général cédétiste aurait changé la donne.

En réaction à l'entretien de la Première ministre Elisabeth Borne sur France 2 jeudi soir, Laurent Berger estimait que le samedi 11 février offrirait "la possibilité de venir manifester, y compris pour les travailleuses, les travailleurs qui ne viennent pas forcément en semaine, y compris en famille", pour "montrer qu'il y a un vrai mécontentement et une vraie mobilisation".

La CFDT-Cheminot devrait donc consulter sa base ce lundi afin de confirmer qu'elle n'appelle pas à la grève pour la journée du 11.

"L’intérêt c’est qu’il y ait du monde à cette manifestation donc on n'appellera pas à la grève, confirmait ce matin sur BFMTV Fabien Villedieu, délégué syndical SUD-Rail. On veut qu’il y ait un raz de marée samedi 11 en manifestation et pour ça, on sait qu’il y a des histoires de galère de train."

Les syndicats de la RATP se cherchent encore

Si les positions semblent s'unifier du côté de la SNCF, elles restent indécises parmi les organisations de la RATP. Au lendemain de la mobilisation du 31 janvier, l'intersyndicale des organisations représentatives à la RATP a indiqué qu'elle s'inscrivait dans l'appel à la grève lancé la veille par les huit principaux syndicats français pour les 7 et 11 février.

"Nous appelons tous les agents de l'entreprise à poursuivre et amplifier la mobilisation par la grève et la manifestation le mardi 7 février puis le samedi 11 février pour dire non à cette réforme", écrivaient mercredi la CGT, FO, l'UNSA et la CFE-CGC dans un communiqué commun.

"Il ne faut pas que le mouvement s'étouffe avec les vacances, qui s'étalent sur tout le mois de février avec les différentes zones", insistait Jean-Christophe Delprat, chargé de la RATP à FO, auprès de l'AFP.

Cependant, certains syndicalistes prévoyaient déjà des perturbations moins accentuées le samedi 11 afin de permettre à un maximum de gens d'aller manifester. A un peu plus d'une semaine de cette quatrième journée de mobilisation, des représentants syndicaux de la RATP maintiennent le flou sur le maintien de la grève samedi prochain. C'est notamment le cas de Cémil Kaygiziz, secrétaire général de la CGT RATP-Bus qui assurait que la décision n'était "pas encore tranché" à ce stade: "On a décidé dans l’intersyndicale de faire en sorte que la mobilisation soit de plus en plus forte. Pour le 11, le but est qu’il y ait un maximum de monde, que l’ensemble du secteur et ceux qui ne peuvent pas se mobiliser en semaine aient une porte pour le faire."

"Pour l’instant, il y a un préavis de grève pour le mardi 7 et un appel à la mobilisation pour le samedi 11", a-t-il précisé sur BFMTV.

Dans l'énergie, les organisations restent déterminées

Interviewé au micro de BFMTV, le ministre des Transports Clément Beaune a de nouveau appelé les syndicats à la responsabilité: "Je sais qu’il y a encore des discussions entre les syndicats. Il faut que les organisations syndicales prennent leurs responsabilités pour ne pas pénaliser les Français qui ont besoin de retrouver leurs familles dans ces périodes qui sont difficiles."

Dans le secteur de l'énergie, le rejet de la réforme des retraites devrait en revanche donner lieu à des actions orchestrées par les organisations syndicales. La semaine prochaine, entre les deux journées nationales du 7 et du 11 février, "on va pouvoir peut-être assister à une radicalisation du mouvement, qui va faire que la décision d'arrêt des installations va être franchie" ultérieurement, espère Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité TotalEnergies Europe.

"On a décidé d'avoir une démarche plutôt positive avec l'action des "Robins des bois" (gratuité, rétablissement du courant pour les ménages coupés par leur fournisseur), mais beaucoup sur le terrain disent être "prêts pour des actions plus dures, n'attendant que le top départ", indique pour sa part Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la CGT-Energie, un des fers de lance du mouvement.
Timothée Talbi