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Diminution des pesticides: les agriculteurs appelés à manifester en tracteur à Paris mercredi

Selon les organisateurs, au moins 900 tracteurs pourraient converger vers la capitale. Les agriculteurs dénoncent "la disparition" de certaines productions en raison de la diminution du nombre de pesticides autorisés.

Les agriculteurs sont appelés à défiler en tracteur mercredi matin dans Paris, pour dénoncer "la disparition" de productions agricoles françaises du fait de la diminution du nombre de pesticides à leur disposition. Le premier appel à manifester a été émis il y a quelques jours par la section du Grand Bassin parisien de la FNSEA, qui couvre 12 départements céréaliers du nord de la France, et par la branche spécialisée de la Fédération dans la production de betteraves sucrières (CGB).

Vendredi soir, la Fédération nationale relaie et amplifie le mouvement, en appelant "tout son réseau et l'ensemble de ses filières à se mobiliser à partir du 8 février à Paris et jusqu'au 20 février dans toute la France". Les agriculteurs comptent converger en tracteurs et autocars depuis la Porte de Versailles, dans le sud de Paris, jusqu'à l'esplanade des Invalides, à proximité de l'Assemblée nationale et du ministère de l'Agriculture.

"C'était pratique pour stocker les tracteurs mais surtout c'est un symbole car Napoléon (enterré aux Invalides) avait importé la betterave de Pologne pour rendre la France indépendante en sucre et doit se retourner dans sa tombe aujourd'hui", a déclaré Damien Greffin, président de la FNSEA Grand Bassin parisien et agriculteur dans l'Essonne. Selon lui, près de 900 tracteurs ont déjà annoncé leur participation au mouvement.

Les néonicotinoïdes, "partie émergée de l'iceberg"

Le gouvernement a décidé le 23 janvier de renoncer à autoriser les insecticides néonicotinoïdes pour la culture de la betterave sucrière, à la suite d'une décision de la Cour de justice de l'Union européenne rendant illégale toute dérogation. Ces substances, toxiques pour les abeilles et interdites depuis 2018, bénéficiaient en France d'une dérogation depuis deux ans, ce qui permettait de les appliquer préventivement sur les semences de betteraves sucrières - pour les prémunir de la jaunisse, maladie virale menaçant les rendements.

Le sujet des néonicotinoïdes est "la partie émergée de l'iceberg", affirme Damien Greffin, qui cite l'interdiction de l'insecticide phosmet, qui "compromet" la culture de cerises, ou celle d'un désherbant pour les endives. On assiste selon lui à une "hécatombe des filières agricoles les unes après les autres (...) à ce rythme-là, l'agriculture française va disparaître".

Tout en affirmant qu'il n'est "pas question de faire l'apologie des produits phytosanitaires", il est partisan d'une réintroduction des néonicotinoïdes "tant qu'on n'a pas d'autre solution". Pour la FNSEA, c'est "la souveraineté alimentaire", "affichée comme priorité gouvernementale", qui est en jeu. Le syndicat appelle l'exécutif à "passer du discours aux actes".

P.L. avec AFP