Covid-19: quatre millions de Français fragilisés par la crise sanitaire

4 millions de personnes ont été fragilisées par la crise - Fotolia
Malgré le déploiement des aides, la crise sanitaire a laissé des marques dans le paysage social français. Selon une nouvelle étude du CRÉDOC (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie), 31 % des Français indiquent se sentir en situation de vulnérabilité, soit dix points de plus qu’en 2018.
Un "cumul de fragilités"
Parmi eux, un quart explique que la crise sanitaire a beaucoup joué dans leur situation. Logement, emploi, santé, isolement… les répondants évoquent un "cumul de fragilités" pour expliquer leur situation.
"C’est donc 8% des Français de 15 ans et plus, soit 4 millions de personnes, qui ont basculé dans une situation préoccupante", explique l'étude, les présentant comme de "nouveaux vulnérables".
Ils sont plutôt jeunes (47% ont moins de 40 ans), sont des actifs en emploi ou au chômage (68% d'entre eux), chargés de famille (37%) et peu diplômés (1 sur 2 n'a pas le bac).
"Ils travaillent souvent dans des secteurs qui ont dû recourir au chômage partiel (commerces, hébergement-restauration, activités culturelles et de services aux ménages): 31% ont connu le chômage technique sur les trois derniers mois contre 18% des non vulnérables", souligne l'étude.
Difficultés de fin de mois et radicalité
D'ailleurs, ces "nouveaux vulnérables" évoquent des difficultés pour accéder à l’emploi, ou s’y maintenir (42%) comme principal facteur. Ainsi, près des deux tiers des personnes concernées déclarent que leur situation financière s’est dégradée en raison de la crise sanitaire.
Les conséquences sont difficiles au quotidien pour ces 4 millions de personnes: 20% d'entre eux ont dû suspendre leurs abonnements téléphoniques ou internet, 18% n’ont pas pu payer leurs impôts et 17% n'ont pas pu régler leurs assurances habitation et véhicule n’ont pas pu régler les frais de scolarité.
Et quand 73% des "non vulnérables" se sentent heureux dans leur vie actuelle, le chiffre dégringole à 32% pour les vulnérables. Une réalité sociale mais aussi politique avec une propension plus forte chez eux à la radicalité et une tolérance plus élevée que les autres aux actions violentes.
Reste qu'il existe des solutions pour les aider à sortir de cette fragilité. Un tiers des "nouveaux vulnérables" a bénéficié d'aides mises en place pendant la crise sanitaire. Parmi eux, 83% ont eu le sentiment de "se sentir libres de vivre leur vie comme elles l’entendent", même score que les non vulnérables.
La preuve que "les dispositifs spécifiques ont été relativement bien ciblés pour surmonter les nouvelles difficultés", souligne le CREDOC, qui regrette néanmoins que "deux personnes sur trois fragilisées par la période restent tout de même sans aide."