BFM Business
Economie et Social

Pourquoi les salariés qui gagnent le Smic sont privés de coups de pouce depuis 2012

placeholder video
Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, ne souhaite pas que la revalorisation du Smic au 1er janvier 2020 dépasse le niveau de l'inflation. Arguments invoqués par ceux qui refusent toute hausse supplémentaire: cela tire les salaires vers le bas, cela nuit à l'embauche des chômeurs sans qualification et cela favorise une partie des 30% des ménages les plus aisés.

Cette année encore il n’y aura sans doute pas de coup de pouce accordé aux salariés qui gagnent le Smic. C’est du moins le souhait du ministre de l’Economie Bruno Le Maire qui entend suivre la préconisation du groupe d’experts chargés d’éclairer le gouvernement sur le sujet.

Le 1er janvier prochain, date prévue pour la revalorisation annuelle du Smic, cela fera donc sept ans et demi que les salariés concernés n’auront eu droit qu’à une augmentation visant à compenser la hausse des prix (voir encadré ci-dessous). Le dernier coup de pouce date en effet de juillet 2012. Une promesse de François Hollande lors la campagne présidentielle. A l’époque, le SMIC avait été augmenté de 2%, dont 1,4% du fait de l’inflation et 0,6% permettant d’améliorer le pouvoir d’achat des salariés concernés.

Avec cet unique coup de pouce, les salariés payés au Smic n’ont donc pas vraiment vu leur pouvoir d’achat progresser ces dix dernières années. Entre 2009 et 2019, le salaire minimum a augmenté de 13,7% soit à peine plus que l’inflation.

Ces dix dernières années, le salaire moyen a bien plus augmenté que le Smic

Deux constats dans l’histoire économique servent de justification au refus d’améliorer le pouvoir d’achat de ceux qui ont les plus petits salaires. D’abord lorsque le smic augmente plus fortement que l’inflation, cela tire les salaires vers le bas. A l’inverse, en l’absence de coup de pouce ces dix dernières années -à l’exception de 2012-, le salaire moyen des Français a augmenté, selon l’OCDE, de 18%.

Ensuite, parmi les salariés qui sont payés au Smic, tous ne vivent pas dans des foyers modestes. Un nombre important partagent leur vie avec un conjoint gagnant nettement mieux sa vie. Selon les évaluations de l’Ines (Insee-Dares), parmi les 30% des ménages disposant des revenus les plus confortables, on compte 1,2 millions de salariés payés au Smic.

Par ailleurs, bon nombre d'employeurs mettent en avant le fait que la hausse du Smic réduit leur capacité à embaucher, notamment des demandeurs d’emplois sans qualification.

Priorité à la prime d'activité

Ces trois raisons ont conduit l’actuel gouvernement à préférer une autre méthode pour améliorer le pouvoir d’achat des plus modestes. Il y a un an, pour calmer la colère des gilets jaunes, il a décidé de jouer sur la prime d’activité. Son montant a été augmenté sensiblement (Jusqu’à 90 euros de plus par mois). Quant à ceux qui en bénéficient, ils sont bien plus nombreux: +52% soit 1,4 million de plus.

Au total plus 4,17 millions de foyers ont touché cette aide au premier semestre. Pour un montant moyen de 185 euros par mois, soit l’équivalent de 15,8% du Smic.

comment est calculée la hausse du smic?

Chaque année, au 1er janvier, le Smic est automatiquement revalorisé pour éviter que la hausse des prix ne grignotent le pouvoir d'achat de ceux qui le touchent. Cette hausse prend à la fois en compte l'inflation mesurée pour les 20% des ménages disposant des revenus les plus faibles ainsi qu'une moitié du gain de pouvoir d'achat du salaire horaire moyen des ouvriers et des employés.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco