"Les institutions internationales décideront pour nous": pour la ministre des Comptes publics, le risque d'une mise sous tutelle de la France est bien réel

La ministre chargée des Comptes publics, Amélie de Montchalin, tient une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 16 avril 2025. - Ludovic MARIN / AFP
"C'est le dernier moment pour avoir du courage". Invitée sur RTL ce mardi 10 juin, Amélie de Montchalin a rappelé la nécessité de tailler dans les dépenses de l'État pour respecter la trajectoire de réduction de déficit que s'est fixée le gouvernement.
La ministre des Comptes publics a prévenu que tous les ministères devront faire un effort dans ce "moment où l'on doit prendre des décisions historiques". "Si on ne prend pas aujourd'hui ces décisions, alors bientôt ce seront les institutions internationales, nos créanciers privés qui décideront pour nous", a-t-elle mis en garde.
"Bien sûr qu'il y a un risque de tutelle des institutions internationales, des institutions européennes, de nos créanciers", a-t-elle martelé.
"Laisser aller"
D'après elle, la France, en matière de gestion budgétaire, se distingue de ses voisins par "une forme de tendance à se laisser aller, à considérer qu'un euro qui est là est là pour toujours".
Or, si l'exécutif a "beaucoup protégé les Français, les entreprises et les emplois pendant des crises inédites comme le Covid, l'inflation et la guerre en Ukraine, aujourd'hui il faut (...) que nous nous remettions en ordre, que nous rangions la maison parce que si nous ne le faisons pas, effectivement d'autres le feront pour nous".
Pour l'établissement du prochain budget des ministères, la règle sera donc la suivante: "Est-ce que chaque euro de votre budget est visible, utile dans le quotidien des Français? Si c'est de l'argent que les Français ne voient pas dans leur quotidien, ça s'appelle de la gabegie", a souligné la ministre des Comptes publics.
La réduction du nombre de fonctionnaires "n'est pas un tabou"
Amélie de Montchalin s'est également dite ouverte à une réduction du nombre de fonctionnaires pour faire des économies: "Ce n’est pas un tabou", a-t-elle assuré, expliquant qu'"à chaque fois qu'il y a eu un problème, on a mis plus de moyens, plus de fonctionnaires et ça eu une conséquence très néfaste" puisque "ceux qui étaient en poste n'ont pas pu être augmentés et on n'a pas pu les former".
Concernant les coupes annoncées dans les niches fiscales, la ministre a exclu de supprimer l'avantage fiscal pour la garde d'enfants ou l'accompagnement des personnes âgées. "Il y a deux sujets sur lesquels je crois que collectivement, nous voyons que ça marche et qu'il ne faut pas toucher: c'est tout ce qui touche à la garde d'enfants et c'est tout ce qui touche à l'accompagnement des personnes âgées", a-t-elle déclaré.
"Je le dis très solennellement: ces deux sujets là sont utiles, ils sont efficaces. (...) Il n'y aura pas de changement", a-t-elle assuré.
Elle a en revanche indiqué que 26 métiers de services à la personne bénéficient actuellement d'un avantage fiscal correspondant à un crédit d'impôt sur le revenu égal à 50% des dépenses engagées. "Est-ce qu'au fond c'est le bon périmètre? Est-ce que c'est un bon taux de remboursement? Quel est le bon équilibre entre le travail au noir qu'on ne veut pas encourager et le bon usage de l'argent public?", a-t-elle interrogé, citant les cours ou le sport à domicile, mais sans se prononcer sur les dépenses de ménage.