Cet ancien commando marine crée un drone d'intervention rapide pour larguer matériels et parachutistes

Le Condor est un drone capable de parcourir 300 km à une vitesse de 600 km/h. Il est conçu pour développer les capacités d'infiltration des forces spéciales en larguant matériel et commandos. Il peut aussi servir pour des missions civiles de secours en mer, en haute montagne ou sur des zones contaminées.
Comme son nom ne l'indique pas forcément, Demonfort Airborne Engineering (DAE) est une société française spécialisée dans l'innovation dédiée aux forces spéciales créée par Thierry Demonfort dont le CV en dit long sur ses compétences.
Engagé à 15 ans à l'école des mousses de Brest, ce marin a servi dans les commandos marine (commandos Hubert, Jaubert et de Montfort). Après 11 ans de service, il quitte la mer pour prendre les airs en devenant parachutiste d'essai. Il a 6300 sauts à son actif, dont le record mondial de chute libre en tandem à 11.000 mètres d’altitude. Officier de la Marine depuis 1997, il a occupé les fonctions de Directeur des programmes aéroportés de la Marine de 2002 à 2011.
300 km d'autonomie à 600 km/h
Ce baroudeur utilise désormais ses compétences pour créer un drone ultra rapide et autonome digne de figurer parmi les accessoires de James Bond. Le Condor, c'est son nom, fait trois mètres sur trois, il peut emporter une charge de 300 kilos. Chargé dans un avion cargo C-130, le drone peut être largué à 4500 mètres d'altitude. Il peut aussi être propulsé via une rampe de lancement installé sur un véhicule terrestre.
"Cet appareil est préprogrammé pour se rendre sur un site et revenir à un point de rendez-vous avec une autonomie de 300 kilomètres", précise son concepteur.

Cet aéronef est un véritable couteau suisse pour remplir différentes missions. Il peut donner une allonge supplémentaire d'environ 150 km pour parachuter un soldat des forces spéciales ou larguer des équipements pour ravitailler des équipes de commandos engagées au sol. Dans cette version militaire, il ne dispose d'aucun système de géolocalisation pour ne pas être repéré par des radars numériques.
"Dans un contexte de prolifération de missiles sol - air sur les théâtres d'opération, un avion peut devenir une cible facile à atteindre même s'il vole à haute altitude, car la distance entre le point de saut et l'atterrissage est d'une trentaine de kilomètres maximum. Le condor propose les capacités d'infiltration inédites qui ont déjà recueillies l’intérêt des opérations spéciales françaises", explique Thierry Demonfort.
Un avion de chasse "ravitailleur"
La première mission du Condor est militaire, mais le drone est une plateforme qui peut s'adapter à toutes les missions civiles de sauvetages ou d'intervention dans des zones difficiles d'accès. Le Condor peut acheminer jusqu'à 300 kilos de matériel en mer, en haute montagne, sur des zones dévastées par des catastrophes naturelles ou même envoyer des robots sur des zones contaminées.

Mais son point fort c'est sa vitesse d'intervention: 600 km/h. "Pour remplir une mission civile ou militaire, il ne faut être rapide, car au final, il s'agit de sauver des vies", explique l'ancien commando marine. Pour cela, le Condor est propulsé par des réacteurs comme ceux des avions de chasse.
"On nous demande souvent pourquoi ne pas l'avoir équipé de moteurs électriques, c'est simple, j’ai voulu concevoir un vecteur qui soit un véritable avion de chasse 'ravitailleur'. Même si le côté furtif est pris en compte, ma priorité a toujours été la célérité d’intervention avec un décollage 'courte distance' en privilégiant la capacité d’emport et la fiabilité ", nous a répondu Thierry Demonfort.
Retour à la base après chaque mission
Une fois sa mission accomplie, le Condor retourne à un point de récupération. Arrivé à proximité de sa base terrestre, il coupe les moteurs et déclenche l’ouverture d'un parachute pour se poser. "Une fois récupéré, il est révisé, on fait le plein et il peut repartir pour une nouvelle mission", signale le patron de DAE Systems.
La start-up de St-Jean de Luz travaille sur ce projet depuis près de 10 ans. Elle en parle peu. Les dernières traces du Condor remontent à 2015/2016. Des sites spécialisés dévoilaient le projet avec des performances (vitesse, autonomie et altitude) deux fois inférieures à ce qu'elles sont aujourd'hui. Un démonstrateur devrait être prêt pour l'été prochain pour que les essais en vol puissent commencer début 2021.
Côté financement, Thierry Demonfort reste discret d'autant plus que dans ce type de projet, les mécanismes sont complexes. Mais il a déjà quelques appuis. "Je suis soutenu par les élus du Pays Basque, notamment pour l’industrialisation du secteur et la création d’emplois induite", signale l'entrepreneur qui tient à ce que le Condor reste un projet de PME française de la conception à la production.
Son esprit FrenchTech le conduit à prévoir de reverser un pourcentage de son chiffre d'affaires à trois oeuvres caritatives: l’insertion des militaires blessés dans la société civile (convention Kinov - Medef), l’école de la deuxième chance (soutenue par Brigitte Macron) et financer la fondation Necker pour aider les enfants atteints de cancers.
Pascal SAMAMA
journaliste
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