"On marche sur la tête": polémique à Nice après le refus d'attribuer une rue à Gisèle Halimi
C'est un combat qui lui tient à cœur. Juliette Chesnel-Le Roux, la cheffe de file des écologistes au Conseil municipal de Nice, milite depuis son entrée en fonctions pour une meilleure représentativité des femmes dans l'espace public.
L'élue a, dans cette optique, soumis le nom de Gisèle Halimi, grande figure du militantisme féministe, à la commission du nom de rues de la ville mercredi. Philippe Vardon, conseiller municipal d'opposition, y a mis son veto, enclenchant une vive polémique.
L'ancien identitaire, récemment exclu du Rassemblement national pour s'être présenté aux élections législatives malgré sa non-investiture, a justifié son choix via une publication sur Facebook, jeudi. Il argue que l'ancienne députée n'était pas seulement un symbole féministe, mais aussi "l'avocate des terroristes du FLN (Front de libération nationale, ndlr) algérien".
"Nous avons pu honorer d'autres femmes"
Et l'élu d'ajouter: "Au nom des pieds-noirs et harkis accueillis nombreux dans notre ville, je suis intervenu pour affirmer mon objection catégorique à ce qu’une artère de Nice porte son nom. Les élus de mon groupe se battront toujours pour le respect de la mémoire française en Algérie".
Soutenu par des harkis et des membres de la droite lorsque la question de la panthéonisation de Gisèle Halimi s'est posée, ce raisonnement est également partagé par Gaël Nofri, adjoint à la circulation à la mairie de Nice.
Ce dernier fustige le "soutien" qu'aurait apporté Gisèle Halimi aux "terroristes du FLN". "Il y a ceux qui sont du côté de la France et les autres", cingle-t-il, sans toutefois renier "son combat pour les femmes", lequel "appartient à l’histoire". Gaël Nofri le promet: "Nous avons pu honorer d’autres femmes, et nous le ferons encore".
L'allée Charles Pasqua pointée du doigt
À l'écoute de cet argumentaire, Juliette Chesnel-Le Roux fulmine. "On marche sur la tête!", a-t-elle tweeté jeudi après-midi.
D'abord parce que "la majorité était favorable à (son) idée au départ", avant de finalement "emboîter le pas" à Philippe Vardon. Ce que Gaël Nofri dément auprès de Nice-Presse. L'élu récuse en outre avoir avancé l'argument d'un "éventuel trouble à l'ordre public" si le nom de Gisèle Halimi venait à être apposé à une artère niçoise.
Mais aussi parce qu'"elle mérite sans doute plus un geste que certains militaires, que le multi-condamné Charles Pasqua ou que Jacques Médecin, qui a fui la justice", tonne encore Juliette Chesnel-Le Roux.
Consensus autour d'autres noms
Charles Pasqua, "jeune résistant de notre département" et "grand ministre de l'Intérieur", qualifié de "visionnaire" par Gaël Nofri, a été condamné à deux reprises à de la prison avec sursis pour financement illégal de campagne et détournement de fonds. Ce qui ne l'a pas empêché de donner son nom à une allée.
Jacques Médecin, maire de Nice pendant 25 ans et figure contestée, a été honoré par l'attribution d'une rue en 2019.
La commission des noms de rues de mercredi aura tout de même abouti à un consensus autour d'autres propositions. Les noms de Juliette Gréco et Robert Hossein ont ainsi été sélectionnés. Selon Nice-Matin, ceux d'Alfred Dreyfus et de Dick Rivers ont aussi été adoptés.