L'usine moteur phare de Stellantis, Trémery, accélère sur l'électrique
Des culasses de diesel aux moteurs électriques. En cinq ans, cet atelier de l’usine Trémery (Moselle) de Stellantis a basculé dans la mobilité zéro émission. Trois cents salariés y assemblent désormais chaque jour, sur deux lignes 24h/24 7 jours sur 7, 1400 moteurs électriques.
C’est plus que la production quotidienne de moteurs essence sur le site, usine pourtant référence sur le moteur thermique en France (et en Europe) pour le groupe désormais engagé dans le virage de la mobilité électrique.
Cette transformation semble d'autant plus se justifier alors que les 27 ont entériné définitivement ce mardi la fin du moteur thermique en 2035. Une décision commentée par Carlos Tavares, en visite sur les sites de Trémery et Metz au lendemain de l'annonce. "Le choix de l'électrification" du parc automobile "est un choix politique et non pas industriel, nous nous conformons à la décision", a asséné le directeur général de Stellantis.
90% de composantes d'origine européenne
Cette "décision" passe par une transformation profonde des usines de Stellantis, et donc le changement de métier pour de nombreux salariés.
"Il a fallu acquérir de nouvelles compétences, par exemple en informatique car contrairement aux moteurs thermiques, les moteurs électriques embarquent du software, explique Stéphane Dubray, responsable de la ligne des moteurs EB et des deux lignes de moteurs électriques. La magnétisation aussi est une nouvelle compétence que nous avons dû acquérir".
Les salariés travaillent sur ces deux lignes étaient déjà salariés de l’usine. Ils ont suivi une formation pour passer à l'assemblage des moteurs électriques.
C’est aussi le cas des premiers salariés qui travaillent chez Emotors. Cette coentreprise formée à 50/50 par Stellantis et Nidec - une entreprise japonaise spécialiste des petits moteurs - travaille elle actuellement sur le site pour lancer la production de la deuxième génération de moteur électrique de Stellantis.
"Ce sont des volontaires pour le moment, ils sont super motivés, on va rattraper Elon Musk me disait un l’autre jour ", nous raconte un dirigeant d’Emotors.
D'ici trois ans, près de 500 salariés devraient travailler pour la coentreprise, l'usine compte au total 3470 salariés actuellement.
Emotors a investi 140 millions d’euros pour convertir une partie du bâtiment et installer ses lignes de production, dans le bâtiment qui jouxte les deux lignes d’assemblage de la première génération de moteur. Avec une différence de taille: alors que 95% des composants des moteurs de première génération viennent de Chine, 90% des composants des coûts de la seconde viendront d’Europe. L'enjeu: sécuriser les approvisionnements et "maîtriser la chaîne de valeur", comme le rappelle Arnaud Deboeuf, le directeur industriel de Stellantis.
Production française, composants européens, les dirigeants d’Emotors doivent cependant se montrer compétitifs. S’ils pourront vendre leurs moteurs à d’autres partenaires, ils savent aussi que Stellantis leur demande une véritable maîtrise des coûts.
Une production de moteurs électriques multipliée par trois à Trémery
Faire monter la production en cadence est aujourd’hui l’objectif d’Emotors. Et de toute l’usine de Trémery. De 15% l’an dernier, la production totale de moteurs électriques dans l'usine doit passer à 50% de la production totale en 2024.
Des capacités de production qui ont crû rapidement, en suivant le décollage du marché et la nouvelle stratégie de Stellantis. Progressivement en Europe, toutes les marques deviendront largement électriques, voire 100% électriques comme Peugeot ou DS.
En 2018 au début de la production de machines électriques sur le site, Stellantis anticipait une capacité de 50.000 moteurs produits sur un an. Celle-ci était passée à 491.000 moteurs l’an dernier. D’ici 2030, Stellantis compte proposer plus de soixante modèles électriques sur toutes ces marques en Europe.
