Essai - Audi R8 Spyder, la supercar qui décoiffe

Le jaune n'est sans doute pas le meilleur choix de couleur pour cette R8 mais, une fois à l'intérieur, le son du V10 vous fera oublier cet écart. - Julien Bonnet
Rouler en supercar, c'est un luxe et un plaisir rare. Rouler en supercar décapotable, c'est la même chose... mais à ciel ouvert! Il était donc grand temps pour Audi Sport de remettre sa R8 sur ce créneau très privilégié des supercars découvrables.
Mais pourquoi l'Audi R8 ?
Sortie en 2007, la R8 est la première Audi de série à disposer d'un moteur en position centrale arrière. En 2009, elle troque son V8 d'origine pour un V10 et en 2010, elle se découvre. La R8 deuxième du nom a été lancée en 2015. Si elle est restée fidèle au V10, elle n'avait pas encore eu le droit à sa version Spyder, jusqu'à l'an dernier.
Autant être clair: on rentre ici dans la catégorie des voitures de rêve, inaccessibles au commun des mortels (ou alors pour trois tours de circuit). Le prix de cette R8 Spyder démarre en effet à 184.000 euros, auquel on ajoutera le malus maximal de 10.000 euros dû aux 277 g de CO2 par km.
Ce malus, c'est aussi le prix à payer pour disposer d'une des plus performantes voitures pour pouvoir rouler à Paris et dans les grandes villes lors des pics de pollution. Tout V10 de 540 chevaux qu'il est, ce moteur reste une essence d'après 2011 éligible donc à la vignette Crit'Air 1... Vu comme ça, vive la transition écologique!

Derrière le volant
Audi nous avait conviés à tester cette R8 Spyder sur le circuit d'Anglesey (Pays de Galles) sur l'île du même nom. La piste passe d'ailleurs tout près des falaises de la mer d'Irlande, pour une vue et des sensations incroyables (on vous reparlera de ce lieu incroyable très prochainement).
Sur circuit et mode sport activé, cette R8 se montre ainsi diablement efficace avec son V10 capable de passer de 0 à 100 km/h en 3,6 secondes et un poids allégé par rapport au coupé, grâce au recours plus prononcé à l'aluminium dans la carrosserie. Sans surprise, on prend donc rapidement beaucoup de plaisir sur circuit, avec ses accélérations brutales mais parfaitement gérées par la boîte S-Tronic à 7 rapports en transmission intégrale Quattro.

"Moi c'est ce qui me bluffe dans cette R8, c'est le fait d'avoir un cabrio qui roule avec l'équilibre d'une voiture de course, c'est juste magique", explique Benoît Tréluyer, triple vainqueur du Mans (2011, 2012 et 2014), forcément très bien placé pour juger des performances de la supercar.
A ses côtés au volant de cette R8 Spyder, le circuit prend tout de suite une autre dimension! Pour un pilote "novice", les aides à la conduite, comme le correcteur de trajectoire qu'on ne peut désactiver qu'en partie, rassurent. Si la R8 reste joueuse, ce comportement sous contrôle a toutefois les défauts de ses qualités. Pour un champion comme Benoît Tréluyer lancé dans une quête aux dérapages contrôlés pour le plaisir des yeux et des oreilles, le Quattro et ses aides l'ont ainsi empêché d'exprimer tout son talent, l'aide automatique se réactivant rapidement après les premiers crissements de pneus.

Mais, pour se rendre au circuit depuis l'aéroport de Manchester nous avons aussi eu l'occasion de tester la R8 sur route. La bête de course se transforme alors en belle urbaine.
La supercar est certes un poil tape-à-l'oeil, avec ses "Side Blades" (traduction: les entrées d'air latérales) et ses ouïes de requin (les entrées d'air au-dessus du compartiment moteur). Mais si on est timide: primo, on ne roule pas en supercar, deuxio, on peut toujours fermer le toit pour plus de discrétion. Surtout qu'au final, la R8 reste une supercar adaptée pour la vie de tous les jours... si on n'a pas d'enfants et pas trop de bagages à charger lors de ses déplacements, avec un petit coffre à l'avant vu que le V10 squatte tout l'espace à l'arrière.

La consommation affichée est de "seulement" 11,4 litres en cycle mixte, selon Audi, qui annonce une diminution de 10% par rapport à la précédente génération. Presque sobre cette R8. Le vrai plus reste bien sûr ce toit ouvrant. Un simple appui sur un bouton et 20 secondes plus tard, vous pouvez rouler cheveux au vent pour d'enivrantes ballades au doux son du V10 atmo qui trouve ici un écrin de rêve.

"LE" truc en plus: à une vitre du bonheur
Imaginez: c'est le week-end, et vous vous apprêtez à partir en escapade avec votre toute nouvelle R8 Spyder. Vous vous réjouissez à l'avance de savourer le doux son du V10, la vraie raison pour rouler décapotée dans la supercar d'Audi. Mais là c'est le drame: il pleut! Et s'envole ainsi tristement votre idée de profiter du concerto pour 10 cylindres dans les meilleures conditions d'écoute possibles...
Heureusement, Audi a pensé à tout. Même avec son toit en toile, l'Audi R8 peut faire profiter le conducteur de sa sonorité exceptionnelle. Un bouton permet en effet d'abaisser la vitre qui sépare d'ordinaire l'habitacle du compartiment moteur. De quoi troquer ses envies de concert en plein air pour une salle sans trop de problème!

"LE" chiffre: 10
Comme V10 atmosphérique. Comme dit le dicton, toutes les bonnes choses ont une fin... et c'est malheureusement aussi le cas pour ce moteur. Cette R8 est donc peut-être l'une des dernières à abriter en son sein une telle merveille qui vit très bien sans turbocompresseur. Avec la Lamborghini Huracan (pour rappel, la marque au taureau est également membre de la galaxie VW), Audi est en effet le dernier constructeur à proposer ce moteur à son catalogue. Sur la version V10 plus, la puissance du 5,2 litres grimpe ainsi à 610 chevaux. Mais ce modèle n'a pas encore été décliné en version Spyder. Ce sera sans doute l'une des huit "nouveautés" prévues par la division sport de la marque aux anneaux d'ici à fin 2018.

Notre modèle d'essai: R8 Spyder avec le V10 de 540 ch et la boîte S-Tonic 7 vitesses, à partir de 184.000 euros