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E-fuel: Stellantis mise à son tour sur les carburants de synthèse

Le groupe Stellantis a réalisé des tests concluants sur la compatibilité de ses moteurs thermiques actuels avec les e-fuels, ces carburants de synthèse qui pourraient permettre aux constructeurs de vendre encore des voitures thermiques après 2035 en Europe.

Stellantis s'engouffre à son tour dans la brèche des e-fuels. Le groupe automobile a annoncé avoir commencé à tester sur ses voitures les carburants synthétiques, présentés comme une piste sérieuse pour le maintien des moteurs thermiques dans les ventes de voitures neuves après 2035.

Un carburant d'avenir?

Le constructeur aux 14 marques (Peugeot, Fiat, Citroën, Opel, Jeep, DS...) réalise en ce moment des tests à grande échelle sur une trentaine de ses familles de moteurs essence et diesel. L'objectif? Vérifier leur compatibilité avec les e-fuels en scrutant en particulier la capacité de démarrage du moteur, la dilution de l'huile ou encore la durabilité du réservoir avec ce nouveau carburant.

Selon Stellantis, ces tests sont concluants, même si les carburants de synthèse soulèvent encore quelques questions.

"Les carburants synthétiques ont encore quelques barrières technologiques à franchir, en matière de démonstration qu'ils sont totalement neutres en carbone, en matière de coûts (…) mais c'est une voie parmi d'autres", souligne Carlos Tavares, directeur général de Stellantis.

L'Allemagne, moteur européen

En mars dernier, l'Allemagne avait obtenu que les carburants de synthèse soient pris en compte dans la stratégie européenne de réduction des émissions de CO2. L’autorisation d’immatriculer ces véhicules à moteurs thermiques utilisant les e-fuels sera inscrite dans ce qu'on appelle un acte délégué, soit une proposition séparée qui sera soumise au vote du Parlement dans quelques mois.

"Nous avons constaté le pouvoir de l'Allemagne dans le processus de décision européen", a reconnu le patron de Stellantis.

"Nous avons déjà vérifié chez Stellantis que nos moteurs sont compatibles avec ces carburants-là, donc tous ceux qui achètent aujourd'hui une voiture des marques de Stellantis peuvent être rassurés sur le fait que les moteurs de ces voitures seront compatibles avec ces carburants", a ajouté Carlos Tavares.

Le représentant d'un groupe automobile concurrent a indiqué à BFM Business qu'il était assez logique que les moteurs actuels soient compatibles avec les e-fuels, car c'est justement le principe de ces carburants de synthèse de pouvoir fonctionner sur les technologies actuelles.

28 millions de voitures concernées

Pour le patron de Stellantis, qui a toujours été très critique sur le choix du 100% électrique "uniquement" à partir de 2035 en Europe, les e-fuels représentent une alternative séduisante.

"Le mérite de cette proposition (les e-fuels), c'est qu'elle nous rappelle à quel point il est précieux de préserver une réglementation qui soit neutre en technologie, de manière à ce que toutes les meilleures technologies soient en concurrence et que la meilleure, c'est à dire celle qui protège la planète et qui représente le coût le plus faible pour les citoyens soit celle qui est finalement choisie", a estimé Carlos Tavares.

Au total, ce sont 28 millions de voitures des marques que possède Stellantis qui pourraient rouler avec des e-carburants, selon le constructeur. De quoi potentiellement réduire de 400 millions de tonnes les émissions de CO2 en Europe entre 2025 et 2050. En parallèle, Stellantis continue aussi d'électrifier massivement sa gamme et accélère aussi sur son offre hybride.

Justine Vassogne, avec Julien Bonnet