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Du vélo au véhicule autonome... Valeo veut s'imposer comme un fournisseur de toutes les mobilités

Le système d'assistance électrique de Valeo destiné aux vélos.

Le système d'assistance électrique de Valeo destiné aux vélos. - Valeo

L'équipementier français veut fortement développer ses ventes sur des domaines dépassant le simple cadre de l'industrie automobile traditionnelle, en proposant notamment des moteurs pour les vélos à assistance électrique ou toute la technologie nécessaire aux véhicules autonomes.

D'équipementier automobile à fournisseur de toutes les mobilités individuelles et autonomes, c'est la route que prend Valeo. Le groupe français a dévoilé ce vendredi 25 février des résultats annuels de bonne tenue, ainsi que ses perspectives de développement à horizon 2025, sous l'impulsion de son nouveau directeur général Christophe Périllat.

Retour dans le vert en 2021

Après une perte de 1,09 milliard d'euros en 2020, dans le contexte de la pandémie mondial de covid-19, Valeo est revenu dans le vert l'an dernier, avec un résultat net part du groupe de 175 millions d'euros. Dans le contexte de la pénurie de semi-conducteurs, Christophe Périllat, a notamment insisté sur la capacité de l'équipementier à continuer à fournir ses clients malgré les difficultés pour s'approvisionner.

"Nous avons décidé d'augmenter nos stocks de composants pour pouvoir assurer notre production et nos livraisons, ce qui a pu nuire à notre trésorerie mais nous a permis de recevoir les louanges de nos clients", a souligné celui qui vient de succéder à Jacques Aschenbroich sur cette fonction opérationnelle.

Des résultats positifs malgré un chiffres d'affaires encore inférieur de 11% par rapport au niveau de 2019, mais de quoi aborder l'avenir plus sereinement, avec un plan stratégique "Move Up" qui s'appuie en premier lieu sur deux tendances fortes dans l'automobile: l'électrification et les systèmes avancés d'aides à la conduite, souvent présentés sous l'acronyme ADAS (pour advanced driver-assistance systems).

"Après la crise de 2008, Valeo avait fait le choix d’investir massivement en recherche et développement (R&D), en se recentrant sur quatre grandes familles de produits innovants (électrique, aides à la conduite, éclairage et expérience intérieur). Un pari gagnant avec des produits à plus forte valeur ajoutée mais pour certains analystes le retour sur ces investissements n’est pas vraiment à la hauteur, avec de fortes attentes sur le chiffres d’affaires et la rentabilité", explique José Baghdad, associé responsable du secteur automobile chez PwC.

Un message porté par les investisseurs et visiblement entendu. Valeo a en effet annoncé une hausse attendue de sa profitabilité en 2025, avec une marge opérationnelle de 4% l'an dernier qui passera à 6,5%, pour un chiffre d'affaires anticipé de 27,5 milliards d'euros. Le tout avec une baisse relative de l'effort en R&D, de 7,9% des ventes à 6,5% à terme.

"15 à 20 ans d'hypercroissance"

Valeo veut bien sûr continuer à innover, mais dispose déjà de nombreuses technologies de pointe. Des technologies qui lui permettront d'accompagner la forte reprise du marché automobile attendue dès cette année, et "une hypercroissance des marchés de l'électrification et des ADAS pendant 15 ans", a avancé Christophe Perillat.

Avec des effets positifs sur les deux autres "mégatendances" identifiées par Valeo: l'éclairage et l'expérience intérieur.

"La face avant des véhicules électriques, sans calandre, laisse plus de place à l'éclairage, et le temps libéré par la conduite autonome promet de réinventer la vie à bord", a illustré le directeur général de Valeo.

Pour accompagner la croissance des ventes de voitures 100% électriques, Valeo compte notamment sur l'intégration de la coentreprise qu'il avait créée avec Siemens dans les systèmes de propulsion, sur un partenariat annoncé avec Renault pour concevoir un nouveau moteur électrique sans terres rares et un onduleur avec STMicroelectronics.

Micro-mobilité et véhicules autonomes

"Le désir de mobilité individuelle est un des enseignements du covid", a également noté Christophe Périllat.

Au-delà de la voiture, Valeo veut en effet miser sur des produits capables de répondre à de nouvelles demandes. Son système 48 volts peut ainsi être décliné sur différents véhicules: des deux roues, vélo à assistance électrique et scooters, aux quatre roues, les petites citadines comme la Citroën AMI ou des droïdes de livraison autonomes, en passant par des 3 roues, avec un marché du Tuk-tuk électrique appelé à se développer fortement en Inde et d'autres pays d'Asie.

Sur ce système 48 volts, Valeo a déjà enregistré 200 millions d'euros de commandes en 2021, et vise 250 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2025, plus de 500 en 2030.

Sur le système dédié aux vélos (un moteur électrique 48V et une boite de vitesses automatique adaptative à sept vitesses conçue avec l’entreprise française Effigear), Valeo a déjà séduit 14 clients, constructeurs de vélos, dont La Manufacture Française du Cycle (à travers sa marque SUNN), Ateliers HeritageBike, VUF Bikes, Cycleurope ou encore FUELL.

Les vélos d'Ateliers HeritageBike sont équipés du système d'assistance électrique de Valeo.
Les vélos d'Ateliers HeritageBike sont équipés du système d'assistance électrique de Valeo. © Valeo

Dans un autre domaine, la conduite autonome, Valeo peut compter sur sa technologie Lidar, mais aussi des systèmes fonctionnant avec des caméras, moins coûteux.

Avec à la clé de nouveaux clients, en plus des acteurs historiques de l'automobile. Une page de la présentation citait notamment des nouvelles "pure-players" de l'électrique, comme le chinois Nio, les spécialistes des navettes autonomes, comme le français Navya, ou encore les géants de la tech, Google et sa filiale Waymo en tête.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto