A Thoiry, les ours noirs parient sur un hiver polaire

Un ours noir du parc animalier de Thoiry. (illustration) - Thomas Corvenin - flickr -CC
"C'est une surprise, surtout avec l'été indien qu'on a en ce moment. Depuis huit jours, les ours ont creusé leur terrier. Beaucoup plus tôt que d'habitude", explique à BFMTV.com le comte Paul de La Panouse. Le fondateur du parc animalier de Thoiry sait de quoi il parle. Depuis 1968, date d'ouverture du parc, il aura vu passé quelques hivers et fait aujourd'hui davantage confiance aux ours noirs qu'aux prévisionnistes pour lui indiquer de quoi sera faite la saison froide .
"Je laisse les météorologistes humains faire leurs prévisions, mais mes nounours m'ont annoncé une vague de froid", nargue-t-il. Bien sûr, "météo-ours" ne peut donner la date exacte de cette vague de froid. "En janvier ou en février".
En 2010-2011, "météo-ours" ne s'était pas trompé
Les ours noirs venus d'Amérique du Nord ont-ils un sixième sens? L'amoureux des animaux sauvages est persuadé que ce pouvoir de sentir les frimas arriver est une faculté "que nous avons perdue". Sans aller jusque-là, on peut s'appuyer sur les faits. Notre commentateur à la mémoire éléphantesque se souvient de l'hiver 2010-2011.
"Ça n'avait pas raté. Une vague de froid a touché la France en novembre-décembre et 15 jours avant, les ours avaient creusé leurs terriers".
Signe du temps, "un tiers des ours 'roupillent' déjà", explique notre spécialiste des mœurs ursidées. "Il ne sont même pas sortis ce week-end malgré les températures très clémentes".
"Cela fait trois ans qu'ils n'avaient pas creusé un terrier à leur taille", continue-t-il. Peut-être ne le saviez-vous pas, mais il y a terrier et terrier. Hors des femelles qui préparent la venue d'éventuels petits vers le mois d'avril, les ours ne se donnent pas la peine d'aménager chaque année un trou sur mesure garni de feuilles pour passer l'hiver. Ils ne le font que s'ils sentent que le froid sera intense. Les travaux demandent de l'énergie. Sans compter le risque de se voir "piquer" son emplacement. Les 9 hectares où évoluent les ours noirs en compagnie des bisons ne forment pas un immense territoire pour ces mammifères dont certains spécimens flirtent avec les 300 kg.
Aucune victime pendant la tempête de 1999
La prescience des ours, comme celle des autres animaux, leur évite bien des tracas. Ainsi raconte Paul de La Panouse, "la tempête du 26 décembre 1999 qui avait arraché quelque 2.500 arbres, n'aura pas fait de victime" parmi les pensionnaires du parc. "Les chevreuils et les sangliers se plaçaient aux endroits où les arbres ne leur tombaient pas dessus", se souvient-il.
Quant à la croyance qui veut que l'hibernation équivaut à un profond sommeil, le spécialiste dément. "L'hivernation se décompose en phases d'éveil et de sommeil. Les ours sont vigilants et peuvent retrouver leurs facultés en quelques secondes", détaille-t-il. Ou comment, il ne faut en aucun cas réveiller l'ours qui dort.