Un an avec sursis requis contre une permanencière du Samu à Angers

Un an de prison avec sursis a été requis lundi au tribunal correctionnel d'Angers contre une permanencière du Samu, accusée d'homicide involontaire après la mort d'une femme prise en charge trop tard, en 2009.
Que risque Florence Madet, la permanencière du Samu, accusée d'avoir envoyé tardivement un médecin pour une patiente, qui avait fini par mourir d'une embolie pulmonaire, en 2009? Un an de prison avec sursis pour homicide involontaire a été requis contre elle lundi au tribunal correctionnel d'Angers. Une amende de 50.000 euros a également été demandée à l'encontre du CHU d'Angers, qui comparaissait pour le même chef. Le jugement a été mis en délibéré au 16 mars.
Le 9 avril 2009, Arnaud Blot avait multiplié les appels au 15 pour décrire le malaise dont était victime Stéphanie Rousset, sa compagne de 27 ans, qui avait mis au monde un enfant un mois et demi auparavant.
Un médecin appelé 34 minutes après
Malgré les descriptions angoissées du jeune homme ("Elle s'effondre", "ne peut pas parler", "elle n'arrive plus à respirer") lors de plusieurs appels à partir de 08h21, et celles de la soeur de la victime, qui explique que la jeune femme tremble, divague, perd ses urines, dès 08h35, le médecin régulateur du Samu n'avait été prévenu qu'à 08h55, soit 34 minutes après le premier appel. Le médecin avait immédiatement dépêché un véhicule du Samu. Quelques minutes avant, les pompiers, alertés par la famille, étaient arrivés sur place. La victime avait été transportée au CHU d'Angers, mais n'avait pu être ranimée.
La permanencière se voit reprochée d'avoir mal analysé la situation alors qu'elle disposait d'éléments pour le faire. La mission des Parm (permanenciers auxiliaires de régulation médicale) consiste notamment à prioriser les appels en fonction de la gravité du cas exposé et de l'urgence perçue, et de transmettre le cas échéant au médecin régulateur.
La responsabilité du CHU pointée du doigt
Selon l'avis de spécialistes interrogés lors de l'instruction, certains appels "contenaient des mots clés qui auraient dû l'alerter" sur la gravité de la situation. Mais selon l'expertise médicale, qui a retenu l'embolie pulmonaire comme hypothèse la plus probable du décès, faute d'autopsie, il est impossible d'affirmer qu'une intervention plus rapide des secours aurait permis de sauver la jeune femme.
Pour Bérangère Gautheron, substitut du procureur, "la décision qu'a prise Florence Madet de ne pas transférer un appel était une erreur. Je rejoins la partie civile quand elle dit qu'il y a un cumul de responsabilités. Il y a une faute professionnelle, mais il y a aussi la responsabilité pénale du CHU", a-t-elle ajouté. Il est reproché au Centre hospitalier universitaire d'Angers d'avoir organisé le service de permanence du 15 avec un seul médecin régulateur malgré l'importance de l'activité, d'avoir laissé aux Parm une autonomie de traitement des appels excédant leur compétence et de ne pas leur avoir proposé une formation adaptée.
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