Thalys: la sécurité des trains au coeur des débats

Trois jours après l'attaque qui a fait trois blessés à bord d'un train Thalys, la question est posée. Faut-il appliquer de nouvelles normes de sécurités aux trains? Alors que le parcours du suspect, Ayoub El Khazzani, se dessine, le point sur l'enquête et ce que l'on sait.
Le bilan aurait pu être plus lourd. L'attaque menée par Ayoub El Khazzani le 21 août à bord d'un Thalys n'a fait que trois blessé malgré l'arsenal que possédait l'assaillant. Une kalachnikov, un pistolet Luger, un cutter et environ 300 cartouches prêtes à être utilisées. Le point sur ce que l'on sait.
> Qui est Ayoub El Khazzani?
Le principal suspect des coups de feu est âgé de 26 ans et se nomme Ayoub El Khazzani. L'homme a pu être identifié formellement samedi grâce à ses empreintes digitales. Il était connu de la police en Espagne pour une affaire de stupéfiants, les autorités espagnoles avaient à cette occasion relevé ses empreintes digitales. Il était connu des services français après un signalement des autorités espagnoles, pays où il avait résidé.
D'après le quotidien espagnol El Pais, l'homme a vécu un an en Espagne, jusqu'en 2014, avant de déménager en France. "Des sources de l'unité anti-terroriste espagnole ont indiqué que l'auteur de l'attaque a ensuite voyagé en Syrie avant de retourner peu après vers l'Hexagone" précise encore le journal. De son côté, la Belgique confirme également que l'homme était fiché par ses services. Il aurait été en relation avec des filières terroristes récemment démantelées dans le pays.
De nombreuses zones d'ombre parsèment encore le parcours du jeune homme qui prétend avoir voulu commettre un braquage du train, après avoir trouvé ses armes dans un parc de Bruxelles.

> Faut-il renforcer les mesures de sécurité à l'entrée des trains ?
La question est au coeur des débats. Portiques de sécurité, fouille des bagages, contrôles d'identité: faut-il appliquer au Thalys et au TGV les mêmes mesures que pour l'Eurostar ou l'avion?
Une mesure en laquelle ne croit pas Sébastien Pietrasanta, le rapporteur PS du projet de loi antiterroriste. "On a toujours une menace terroriste très importante qui s'adapte à nos moyens. Lorsque l'on mettra des moyens supplémentaires pour sécuriser les TGV, cela risque malheureusement d'être les TER ou les trains de banlieue qui seront ciblés" estime l'élu.
De son côté, Guillaume Pépy, le patron de la SNCF a annoncé que les fouilles allaient se "multiplier". "On n'a pas attendu aujourd'hui pour lancer de nouvelles mesures de vigilance" a estimé Guillaume Pépy avant de détailler les première mesures prises: "les messages dans les gares et dans les trains vont changer dans les prochaines heures pour que la vigilance soit décuplée et on aura un numéro d'alerte d'urgence, le 3117", qui permettra d'alerter directement la SNCF de toute menace réelle ou supposée.
> Faut-il se reposer sur la vigilance des passagers?
Dans son intervention, Guillaume Pépy a annoncé vouloir se servir des "cinq millions de paires d'yeux et d'oreilles" qui circulent "tous les jours dans les trains". On sait également que c'est la bravoure de plusieurs passagers qui a permis d'éviter le pire à bord du Thalys. Trois Américains, un Britannique, ainsi que deux agents du Thalys ont reçu ou vont recevoir la Légion d'honneur pour leur héroïsme.
Une intervention qui a soulevé une vague de soutien et d'admiration sur les réseaux sociaux. A côté de ce admiration unanime, une voix s'est élevée pour accuser le personnel du Thalys. L'acteur Jean-Hugues Anglade a dénoncé "l'abandon" dont il s'est senti victime de la part du personnel naviguant qui se serait enfermé dans une pièce sécurisé, laissant les passagers face à leur sort. Des accusations niées par la direction de Thalys et par Guillaume Pépy qui devait rencontre l'acteur dimanche.
> Les renseignements européens ont-il failli?
Ayoub El Khazzani était fiché dans trois pays: l'Espagne, la France, et la Belgique. Alors comment expliquer qu'il ait pu circuler librement, armé, avant de commettre ce qui s'apparente de plus en plus à un attentat ?
Le Premier ministre belge Charles Michel a expliqué sur BFMTV qu'il était "impossible de suivre toutes les personnes faisant l'objet d'une fiche de surveillance", et s'est félicité "de la coopération européenne qu'il faut renforcer". Alors à quoi sert une fiche S (pour "surveillance")?
Ayoub El Khazzani était fiché, tout comme Mohamed Merah, l'auteur des tueries de Toulouse et Montauban ou encore l'aîné des frères Kouachi, co-responsable de l'attaque meurtrière de Charlie Hebdo en janvier dernier. Selon un policier cité par BFMTV, "c'est plus souvent un indicateur, une espèce de thermomètre sur lequel il faut veiller en permanence et qu'il faut alimenter pour qu'elle soit efficace". Côté politique, les charges se multiplient, notamment à l'extrême droite.
La Présidente du Front national Marine Le Pen a ainsi demandé l'expulsion de tous les individus faisant l'objet d'une telle fiche auprès des renseignements français.
#AyoubElKhazzani n'aurait pas simplement dû être "fiché", mais expulsé et interdit de territoire ! Mon communiqué : https://t.co/oXLcv3P5Sa
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 23 Août 2015
Une mesure qui demanderait des moyens faramineux puisque, comme l'a rappelé Nathalie Goulet, sénatrice UDI et présidente de la commission d'enquête sur les réseaux jihadiste à l'Assemblée Nationale, près de "5.000 personnes" sont concernées par ce fichier.
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