Monoprix : un employé mis à pied pour avoir récupéré des fruits dans la poubelle

A Marseille, un employé d'un Monoprix risque le licenciement sans indemnité pour avoir pris 11 melons et 2 salades dans la benne à ordure du magasin. Sur RMC ce vendredi, il explique pourquoi il refuse d'être accusé de vol.
Un employé d'un Monoprix va peut-être être licencié sans indemnité pour avoir volé quelques fruits dans la benne à ordure du magasin. Kader, 59 ans, a récupéré ce lundi 11 melons et 2 salades dans la poubelle du Monoprix de Marseille de la Canebière, où il travaille, pour les manger le soir même.
Ce père de 6 enfants est l'unique source de revenu de la famille. Il voulait apporter un petit supplément au repas du soir et ignorait que le règlement interdit cela.
Il est mis à pied depuis 2 jours et jusqu'à la fin de la semaine. La direction étudie son dossier et décidera lundi de sa peine : un avertissement, une mise à pied ou un licenciement sans indemnité.
« C’est pas du vol ! Je suis un bon ouvrier… »
En colère, ce vendredi matin sur RMC, Kader explique pourquoi il refuse d'être accusé de vol : « C’est pas du vol ! J’ai pris dans une benne à ordure, pour le manger, c’est tout. Ma famille n’est pas au courant ; je voulais rien dire. Et je ne sais pas comment on va faire ; c’est très difficile, parce qu’il ne me reste que 2 ans d’ici la retraite. Ça fait 8 ans que je travaille chez eux et je n’ai aucun problème : ni retard, ni maladie. J’ai rien fait de mal, j’ai pas volé dans les rayons, je suis un bon ouvrier ! La vérité, j’ai pas assez de moyens, je ne sors plus, c’est la première fois que j’ai pris. Je suis tellement énervé, c’est pas juste ! »
Pourquoi la direction est-elle aussi sévère ?
Voler dans la benne à ordure est interdit par le règlement intérieur. C'est ce que répète inlassablement la direction pour se justifier. Selon elle, si les denrées sont à la poubelle c'est pour une bonne raison : elles sont périmées ou impropres à la consommation. Pas question donc de les manger. Même les simples passants n'ont normalement pas le droit de se servir.
La mise à pied de l'employé n'est pas une sanction pour la direction mais une simple procédure en attendant la décision finale. Dans deux jours, Kader saura s'il écope d'un simple avertissement ou s'il est licencié sans indemnité. Ça serait un coup dur pour ce père de famille de 6 enfants qui, honteux, n'a toujours pas prévenu ses proches. Malade et affaibli, Kader n'est plus qu'a deux ans de la retraite. S’il est licencié, les syndicats craignent même qu'ils tentent de se suicider.
« Prendre dans la poubelle, pour lui, c’était pas un interdit »
Sami Sekkaoui est déléguée CGT de ce Monoprix. Elle ne comprend pas non plus cette sanction, et s’inquiète : « Monsieur Kader ça fait 8 ans qu’il est dans le magasin. C’est l’exemple du magasin : toujours "oui, monsieur", "non monsieur", toujours prêt à tout… Prendre dans la poubelle, pour lui, c’était pas un interdit ; il ramasse pour manger. Sa famille n’est toujours pas au courant ; il a 6 ans ; il touche 1100 euros. Depuis qu’il a été mis à pied, il se met devant le magasin, le regarde de loin… Faut pas oublier qu’il est à 2 ans de la retraite. J’ai même peur du pire ; on ne sait jamais… il est pas bien dans sa peau là ».
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