GRAND ANGLE - Michel Onfray, le philosophe devenu phénomène

Depuis la rentrée, le philosophe fait la une de la presse et cartonne en librairie. Anticonformiste pour les uns, accusé de faire le lit du Front national par les autres, retour sur l’itinéraire et le succès d’un philosophe engagé.
Une interview a mis le feu aux poudres le 10 septembre dernier. Dans le Figaro, Michel Onfray s’interrogeait sur le traitement médiatique de la crise des migrants et la réticence de certains Français à leur accueil. "Je n’y vois rien d’obscène. Ni de xénophobe", disait-il, comprenant, le "paysan en faillite" ou "le chômeur de longue durée" qui s’interroge sur ce qui est fait pour lui. "C’est à ce peuple que parle Marine Le Pen. Je lui en veux moins à elle qu’à ceux qui la rendent possible", poursuivait Michel Onfray.
Des propos qui ont déclenché les critiques. Laurent Joffrin, le directeur de la rédaction de Libération enjoint alors le philosophe à "cesser de se faire l’auxiliaire du lepénisme".
Un succès des librairies
Michel Onfray s’en défend, revendique sa liberté et déplace les foules. Ses conférences font salle comble et son dernier livre, Cosmos, s’est vendu à 120.000 exemplaires en huit mois. Un succès de librairie peu courant au rayon philosophie. "Dans ce rayon, quand je vends un livre en 6 exemplaires dans l’année je suis content", reconnaît Thierry Delahousse, libraire à Lille, sur BFMTV. "Quand j’en vend 520, ça signifie quelque chose". Pour le libraire, ce phénomène s’explique en raison de la personnalité de Michel Onfray, "un philosophe rebelle".
Une attitude qui plaît au public grâce à un engagement sincère, pour Gilles Haéri, PDG de Flammarion. "Son travail philosophique se nourrit de ce qu’il est et ça c’est un gage d’authenticité. C’est un philosophe qui vit en accord avec les idées qu’il défend. Je pense que le public apprécie cette dimension de Michel Onfray".
Défenseur du débat
Le philosophe, qui vit toujours en Normandie, où il est né, n’en est pas à son premier conflit à cause de ses idées. Avec son livre sur la Révolution française, il s’était mis à dos une partie de la gauche. Mais le philosophe défend la discussion à tout prix, notamment à travers l’Université populaire de Caen, qu’il a fondée après avoir démissionné de l’éducation nationale. "Je veux que les gens pensent, réfléchissent, débattent, s’ils sont de droite, qu’ils parlent avec des gens de gauche", plaide le philosophe. "Je crois à la tolérance et je ne me contente pas de dire que je suis pour la tolérance, mais uniquement avec des gens qui pensent comme moi".
Michel Onfray, qui n'hésite plus à s'exprimer sur des questions politiques, ne se voit pourtant pas franchir le pas et se présenter à des élections. "C’est un métier, ce n’est pas mon métier. Il faut des compétences. Il faut être sérieux", explique-t-il. Selon un sondage de l’Ifop, 10% des Français seraient pourtant prêts à voter pour lui à la présidentielle.
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