Fête de la musique: "C'est la pire soirée de l'année aux urgences"

Dimanche, des milliers de badauds vont déambuler dans les rues pour écouter de la musique, profiter du soleil, et... boire de l'alcool, parfois trop. Patrick Pelloux, médecin urgentiste, rappelle que la soirée n'a rien de festif dans les hôpitaux.
Sur le papier, la Fête de la musique a tout pour inspirer confiance: de la musique dans les rues, un temps souvent radieux, des voies qui deviennent piétonnes pour mieux se promener... Et pourtant, pour les services hospitaliers des urgences, la soirée est chaque année très compliquée à gérer, comme l'explique à BFMTV.com Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes.
Comment se passe la Fête de la musique du côté des hôpitaux?
C'est pour nous la pire soirée de l'année. On a coutume de penser que les fêtes de fin d'année sont plus dures pour les urgences, mais en réalité ce sont des fêtes très encadrées, qui se déroulent souvent en intérieur, dans un contexte familial où l'on se soûle moins. Là, pour la Fête de la musique, les gens sont dans la rue sous le soleil, ils boivent énormément, et le phénomène de foule n'est pas toujours encadré. Cela génère souvent des violences et des beuveries extrêmes.
De quoi souffrent les patients aux urgences ce soir-là?
Nous traitons beaucoup de patients en état d'ébriété, qui sont en intoxication pure avec les quantités d'alcool qu'ils ont consommées. Il y a aussi des blessés, avec les bagarres et les agressions qui éclatent à cause de l'alcool et des foules. Ce soir est d'autant plus redouté par les urgentistes que les patients peuvent aussi se montrer violents. Et les médecins doivent être très attentifs à ne pas passer à côté de quelque chose de grave sur une personne ivre, qui n'a pas toujours une conscience aiguë pour expliquer ses symptômes.
Il y aura à Nancy un couvre-feu dès 23 heures dimanche. Est-ce une bonne idée, selon vous?
Oui, tout à fait. Je pense que les autorités devraient s'inspirer notamment de l'exemple des Fêtes de Bayonne. Il y a une dizaine d'années, ces fêtes finissaient systématiquement dans un climat de violences, et les urgences devaient traiter de nombreux blessés avec des plaies par verre, à cause des verres et des bouteilles d'alcool qui se brisaient. Désormais, la mairie a mis en place des verres réutilisables en plastique, qui ont considérablement diminué ce type de blessures.
Ce sont donc aux autorités de travailler sur le sujet?
Oui, il faut que l'on apprenne en France la gestion de la fête, non pas pour l'interdire, mais pour que justement, elle puisse rester conviviale et agréable. On ne travaille pas assez la question de bien faire la fête. Dans les hôpitaux, on a aussi un train de retard sur l'événementiel, ce n'est pas encore très anticipé sur les plannings par exemple, même si on a progressé ces dernières années.

Alexandra GONZALEZ
Journaliste
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