Le baril chute... pas les prix à la pompe
La dégringolade du prix du baril de pétrole brut ne se répercute pas sur les prix de l'essence à la pompe. Pire, cette chute brutale inquiète même les spécialistes.
Mais depuis le début de l'été, le prix du litre de sans plomb a seulement baissé de 4% alors que le baril a chuté de plus de 23%. Le litre de sans plomb est aujourd'hui autour de 1,41 euro, un prix finalement assez proche de son record de juillet à 1,49 euro le litre. Selon Bercy, la répercussion de la baisse du pétrole est « rapide » et « satisfaisante ». Le ministère de l'Economie estime que les pétroliers ont « respecté » leur promesse de répercuter rapidement les baisses dans les prix des carburants à la pompe.
Mais le son de cloche est très différent chez Jean-François Giannesini, expert pétrolier, « Les compagnies pétrolières ne jouent pas le jeu de la répercussion à la baisse. Il y a une rétention de leur part, ils la jouent perso. Les compagnies ne croient pas à un redémarrage de l'activité économique, elles assurent donc leurs arrières en maintenant un prix haut à la pompe ».
D'autre part, l'Opep, l'organisation des pays producteurs de pétrole, a déclaré qu'un « bon prix du baril se situe à 120 dollars ». Une phrase qui fait réagir Jean-François Giannesini : « Il y a longtemps, on disait que le « bon prix du baril » était à 28 dollars. Aujourd'hui, l'Opep estime que c'est à 120 dollars. Les pays producteurs vont tout faire pour atteindre à nouveau ce seuil, ils viennent de baisser leur production de 500 000 barils/jour il y a quelques jours. Si les prix ne remontent pas, ils procèderont à une nouvelle baisse de leur production ».
Enfin, selon lui, un baril qui s'effondre n'est pas un bon signe : « J'estime qu'un baril qui s'effondre est le signe d'une récession sérieuse qui guette. C'est un bon indicateur de l'impact de la crise financière. On peut vivre avec un baril élevé, en revanche, lorsqu'il dégringole, ce n'est vraiment pas bon signe. Cependant, un coup de froid précoce cet automne aux Etats Unis pourrait faire remonter les prix. On disait aussi qu'après « la pause » des JO, l'activité chinoise devait reprendre et que le baril allait de nouveau augmenter, ce n'est pas ce qui s'est passé ».
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