Pilule de 3e génération: quels sont les risques ?

Allumée à la mi-décembre suite à la plainte d’une jeune femme contre le laboratoire Bayer, la polémique autour des pilules de 3e génération ne cesse d’enfler. Le point sur les risques et l'attitude à adopter.
La pilule de 3e et 4e générations, prise par plus de 2,5 millions de femmes en France, est-elle dangereuse ? Depuis que Marion Larat, 25 ans, a porté plainte contre le laboratoire Bayer pour "atteinte involontaire à l’intégrité de la personne", estimant que sa pilule de 3e génération a provoqué l'AVC l’ayant laissée handicapée à 65%, le débat sur les craintes liées à la prise de ce contraceptif oral - prescrit aux femmes depuis les années 1990 - est lancé. Et ne retombe pas. Une trentaine de nouvelles plaintes devraient être déposées courant janvier.
Les autorités publiques se sont d'ores et déjà saisies du dossier. Ce vendredi, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a demandé à l’Union européenne de limiter l’utilisation des pilules de 3e et 4e générations, et a indiqué qu’un dispositif va être mis en place pour limiter leur prescription.
En quoi consistent ces pilules nouvelles génération ? Présentent-elles un risque réel pour la santé ? BFMTV.com fait le point.
Qu'est-ce qu'une pilule de 3e et 4e générations ?
La différence avec ses ancêtres de 1ère (qui n’est plus commercialisée) et 2e générations réside dans la nature du progestatif, la molécule contraceptive composant la pilule.
Comme l’explique le docteur Martin Winckler sur son blog, les premières générations de pilules, commercialisées dans les années 60, 70 et 80, contenaient de la noréthistérone, du norgestrel et du lévonorgestrel.
Les pilules de 3e et 4e générations, mises sur le marché dans les années 90, contiennent des progestatifs plus récents (gestodène, désogestrel, norgestimate, cyprotérone, …) et en plus faible quantité. Ces nouvelles pilules ont été créées dans le but de diminuer les effets secondaires non désirés généralement provoqués par la prise de la pilule de 2e génération, notamment la prise de poids et les poussées d’acné.
Ces "nouvelles" pilules sont vendues plus chères que celles de 2e génération et sont également moins bien remboursées. Les modèles de 3e génération ne seront d'ailleurs plus remboursés à compter du 31 mars prochain, comme l'a annoncé Marisol Touraine. L'échéance était initialement fixée au mois de septembre.
Quel est le risque lié à ces pilules ?
Principalement des complications thromboemboliques veineuses (formation d’un caillot dans une veine, pouvant amener à des phlébites et des embolies pulmonaires).
• Dosage en estrogène
Un risque qui découle justement de la composition différente, selon le type de pilule : l’estrogène, utilisé dans le contraceptif pour en diminuer certains effets secondaires tels que le gonflement des seins, les nausées ou la baisse de la libido, peut en effet provoquer des troubles vasculaires.
Si, dans la pilule de 2e génération,le dosage en progestatif permettait de contrebalancer ces effets indésirables de l’estrogène, le microdosage des pilules plus récentes ne le permet pas, d’où des risques plus élevés de thrombose veineuse.
• Des risques prouvés
"Le risque plus élevé des pilules de 3e génération est connu et publié par les revues scientifiques depuis le milieu des années 1990", rappelle ainsi Martin Winckler. Depuis, plusieurs études publiées sont également allées dans ce sens, comme le relaie la Haute Autorité de Santé. Les chiffres le prouvent : 2 utilisatrices sur 10.000 d’une pilule de 2e génération sont victimes d’AVC chaque année, alors qu'elles étaient en bonne santé. Pour les femmes sous pilule de 3e génération, c’est le double : 4 sur 10.000.
>> A lire : "Pilule de 3e génération: 'une pilule n'est pas un médicament anodin'"
Les risques sont toutefois plus élevés en cas d'antécédents au sein de la famille de la patiente, mais aussi en fonction de son âge et de son hygiène de vie (tabagisme, surpoids, sédentarité).
Quelles sont les précautions à prendre ?
• Commencer avec une pilule de 2e génération
La Haute Autorité de Santé, l’ANSM et le Collège national des gynécologues et obstétriciens français s’entendent sur le fait qu’il faut privilégier la prescription d’une pilule de 2e génération pour une première contraception. La pilule de 3e génération a été trop souvent prescrite en tant que première pilule, sans informer les patientes du risque encouru.
• Connaître ses antécédents médicaux
Il est nécessaire de bien connaître ses antécédents médicaux familiaux et personnels et d’en faire part à son médecin pour une prescription adaptée.
• Ne pas interrompre brutalement un traitement bien supporté
Il ne faut pas arrêter ou modifier, brutalement, une contraception de 3e génération établie depuis plusieurs mois, voire plus, si elle est supportée.
L'idéal est de contacter son médecin ou son gynécologue, pour en discuter et voir si un changement de pilule s'avère nécessaire.
• Surveiller les premiers mois de traitement
Il est à noter que le risque de thrombose veineuse est plus élevé pendant les premiers mois du traitement. Il diminue avec la durée de prise de la contraception mais le sur-risque lié à la pilule de 3e génération existe toujours.
• Faire des bilans sanguins réguliers
Enfin, des prises de sang régulières doivent accompagner toute prise de pilule, quelle que soit sa nature.
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