Jeunes et cannabis : des médecins alertent

Six médecins et psychiatres lancent un cri d’alarme dans l’Express. Ils réclament une véritable politique de santé publique sur le cannabis. Une drogue qui fait des ravages chez les jeunes Français, de plus en plus nombreux à en consommer.
Les psys lancent l’alerte. Six médecins et psychiatres (Marcel Rufo, Marie Rose Moro, Michel Lejoyeux, William Lowenstein, Marie Choquet et Philippe Jeammet) réclament, dans les colonnes de l’Express, une véritable politique nationale de prévention et de soins sur le cannabis et à destination des jeunes. Les jeunes Français sont en effet de plus en plus nombreux à fumer. En 2011, 39% des 15-16 ans - dont une majorité de garçons - disaient avoir déjà fumé de l'herbe ou du "shit", au lieu de 17% pour le reste de l'Europe, d'après une enquête Espad réalisée en 2001. En 1995, ils n'étaient que 12%. Les adolescents s’y mettraient aussi de plus en plus tôt.
« Une politique d'interdiction n'est pas une politique de santé »
Pour les spécialistes, c’est la preuve de l’échec de la politique de répression. « On peut déjà faire un constat : celui d’un échec avec une des législations les plus répressives d’Europe et certainement, est-ce une première explication, on pensait qu’il suffisait de dire non pour en faire une politique de santé, explique sur RMC William Lowenstein, psychologue spécialiste des addictions et signataire de l’appel. Une politique d’interdiction du cannabis n’est pas une politique de santé et je dirais parce qu’on n’a pas été capables, nous médecins, d’être clairs sur le sujet et d’aider les politiques à avoir plus de précisions ».
Chez les jeunes, la consommation de cannabis peut avoir des effets désastreux
Les signataires de l’appel précisent que « le cannabis n’est pas une substance particulièrement dangereuse chez l’adulte, en tout cas bien moins que l’alcool, l’héroïne ou le crack », mais que chez les jeunes, il peut provoques des ravages. « En France, on a un problème avec le handicap, affirme William Lowenstein. Le cannabis c’est une drogue qui ne tue pas, on a pensé qu’il suffisait de l’interdire pour que les choses s’améliorent. Le handicap il est ce handicap de l’attention, de la mémoire, de la concentration, des troubles du sommeil, en tout cas des troubles de l’apprentissage qui font que l’enfant va casser sa vie scolaire, sa trajectoire sociale et s’handicaper pour toute son existence ».
« Un repérage précoce pour un soutien »
Le psychologue explique qu’un dépistage précoce pourrait être utile à condition qu’il soit un outil d’aide et non de répression : « La détection, oui, si c’est un repérage précoce pour un soutien, explique-t-il. Qu’on soit clairs : on est en plein paradoxe, là on parle de soutenir les jeunes en difficulté. Que va-t-il se passer pour un jeune qui va se faire prendre au lycée en train de fumer du cannabis ? 9 fois sur 10 il va se faire exclure c’est-à-dire que l’Education nationale fait un peu la politique de l’avion, interdiction de fumer dans l’avion mais ce qui se passe avant ou après ça n’a pas d’importance. Ça ne me parait pas du tout ça le rôle de l’Education nationale. Si vous avez un jeune qui fume au collège ou au lycée, généralement c’est celui qui est le plus dépendant ou le plus vulnérable ».
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