Vote des étrangers et immigration: Hollande tance les discours de "peur"

Depuis le musée de l'histoire de l'immigration, qu'il inaugurait lundi à Paris, le président de la République a dénoncé "la place vide" occupée par les discours contre l'immigration, avant de se prononcer de nouveau pour le droit de vote des étrangers.
Droit de vote des étrangers et Schengen. Tels sont les deux sujets délicats sur lesquels François Hollande s'est exprimé, ce lundi, au cours d'un discours prononcé au Musée de l'histoire de l'immigration à Paris, dont c'était l'inauguration officielle.
Tout en fustigeant les discours de "peur" sur la "dissolution", la "dislocation" et la "disparition" de la France, le chef de l'Etat a également rendu un hommage appuyé à l'apport des immigrés à la République.
Dénonçant le "sentiment de dépossession, entretenu avec malice sinon avec malignité", le Président a enchaîné, soulignant qu'un Français sur quatre était issu de l'immigration: "Je veux rappeler aux Français d'où ils viennent, quelles sont les valeurs qu'ils portent comme citoyens français et où nous voulons aller ensemble".
Hollande fustige ceux "qui rêvent d'une France en petit"
François Hollande a ainsi exhorté à ne pas laisser "la place vide pour des discours qui instrumentalisent la peur de la dissolution, de la dislocation, de la disparition" entretenus par ceux "qui rêvent d'une France en petit, une France en dépit, une France en repli, bref une France qui ne serait plus la France".
"Nous devons lutter contre ces thèses au nom de la France, pour la France, pour une France à la hauteur de son histoire et capable de porter un grand projet, un destin", a-t-il martelé.
Pour le droit de vote des étrangers
François Hollande s'est de nouveau déclaré "favorable" au droit de vote des étrangers. "Rien ne peut se faire sans une révision de la Constitution, ce qui suppose une majorité des trois cinquièmes" au Parlement, a-t-il toutefois rappelé, soulignant que cela supposait "un accord entre les forces républicaines". "A elles de prendre leurs responsabilités", a-t-il lancé.
Le chef de l'Etat s'est aussi implicitement opposé à Nicolas Sarkozy, sans prononcer son nom, jugeant qu'il fallait "défendre" le principe des accords de Schengen qui autorisent la libre circulation des citoyens au sein de l'Union européenne, plutôt que de les "faire éclater". "Faire éclater Schengen? Ce serait reculer, rétablir les frontières pays par pays", a-t-il fait valoir.
"Pour l'Europe, notre frontière c'est Schengen", a encore argué François Hollande pour qui, au contraire, ces accords ont "permis à tous les pays d'Europe de s'organiser pour contrôler l'immigration".
On "ne peut tolérer qu'un citoyen soit agressé pour sa religion"
Le président s'est également élevé contre "la peur sciemment installée d'une religion, l'islam, qui, d'une façon inacceptable, est présentée par certains comme incompatible avec la Républiqu"e"
"Le fait nouveau, ce sont des vents mauvais qui soufflent de plus en plus, pas seulement en France, mais partout en Europe", a-t-il déploré, estimant qu'il fallait "une fois encore reprendre le combat".
Dans "la lutte contre le racisme et l'antisémitisme" érigée en "grande cause nationale", la France "ne peut tolérer qu'un citoyen soit agressé pour sa religion, sa couleur de peau, ses origines", a-t-il souligné, avertissant que "rien ne doit être passé sous silence, rien ne doit rester impuni, rien ne doit être toléré".
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