Un président sans majorité… présidentielle !

Ce matin, Hervé Gattegno fait le constat d’une situation politique tout à fait particulière : François Hollande est un président sans majorité.
C’est assez inédit et assez peu relevé : François Hollande dispose d’une majorité parlementaire à l’Assemblée et au Sénat ; mais il n’a plus de véritable majorité présidentielle – c’est-à-dire que le rassemblement qui a fait sa victoire le 6 mai est en train d’imploser. Autrement dit : nous avons un président théoriquement minoritaire. On le voit dans les sondages, où sa chute a été rapide ; on l’a mesuré aux sifflets de la Fête de l’Huma : les communistes, le Parti de gauche et les écologistes, qui ont soutenu sa candidature ne soutiennent pas (toute) sa politique. Le PC est contre l’arrêt du nucléaire, les Verts contre le traité européen. Et on n’a pas fini de compter les divisions internes au PS.
Le principal sujet de désaccord, c’est le traité budgétaire européen. François Hollande et Jean-Marc Ayrault n’arriveront pas à faire rentrer dans le rang les dissidents ?
C’est devenu impossible. L’entreprise de caporalisation du premier ministre (avec l’aide de Martine Aubry, une experte) n’a pas suffi puisqu’il a fallu « acheter » l’aile gauche du PS avec des sièges à la direction – de la haute politique – et la pression des autres partis de gauche reste forte. D’autant que le cœur du débat, c’est la politique d’austérité en Europe, et que de plus en plus de voix s’élèvent (même chez les grands économistes) pour la contester. Il est probable que, pour François Hollande, la discipline politique ne suffise pas à imposer la discipline budgétaire. Au PS et en dehors du PS.
Est-ce que cela peut poser la question du maintien des Verts au gouvernement ?
Inévitablement. Le traité européen, c’est sans doute l’acte essentiel de la 1ère moitié du quinquennat de François Hollande. Si un parti dont les chefs siègent au gouvernement refuse de voter le texte défendu par ce gouvernement, on voit mal comment il peut y garder une place ! Ou alors, c’est l’ensemble de l’exécutif qui va s’enfoncer dans le discrédit. C’est comme si les radicaux de gauche, en 1981, avaient refusé les nationalisations ! A l’arrivée, François Hollande devra compter sur l’UMP pour faire voter un texte négocié par Nicolas Sarkozy et que lui-même avait jugé inacceptable. Tout cela va manquer de clarté.
Est-ce pour apaiser les Verts que François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont soigné leur profil écologiste en fin de semaine ?
Bien sûr ! Tout le monde sait que les positions anti-nucléaires de François Hollande sont d’abord électoralistes. Il garde le même cap en annonçant la fermeture de Fessenheim (sans attendre les concertations prévues, ce qui prouve qu’il y avait urgence). S’agissant des gaz de schiste, on a compris aussi que le niet du président est une concession supplémentaire aux Verts… mais qui ulcère le PC et une partie du PS. Comme quoi, interdire la fracturation hydraulique peut favoriser la fracturation politique… Jean-Marc Ayrault avait prévenu qu’il tolèrerait la liberté de débat au sein du gouvernement mais qu’il fixerait des limites. Pour l’instant, les seules limites qui sont bien visibles, ce sont… les siennes !
Pour écouter Le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce lundi 17 septembre, cliquez ici.
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