Premier voyage de François Hollande en Algérie

François Hollande entame ce mercredi son premier voyage officiel en Algérie, où la France doit signer une quinzaine d’accords de partenariat, et Renault s’engager à y construire son usine. Mais la question du pardon et de la repentance pour la guerre d’Algérie reste au cœur des discussions.
Ce sera un voyage lourd de sens. François Hollande entame ce mercredi sa première visite d'Etat en Algérie afin de relancer la coopération entre les deux pays, mais aussi tourner la page d’une histoire mouvementée. Accompagné d’une dizaine de ministres et pas moins de 25 chefs d’entreprise, il parlera coopération industrielle, universitaire ou défensive, et les deux capitales devraient signer pas moins d'une quinzaine d'accords de partenariat à cette occasion. Renault signera d’ailleurs ce jour un accord lui permettant d'installer une usine de montage, une unité détenue à 51% par l'État algérien, 49% pour le constructeur français. Le site fabriquera des Renault Symbol, une voiture dérivée de la Logan de deuxième génération.
Mais au-delà des emplois et des investissements, il y a la question du pardon qui occupe ces derniers mois une bonne partie des débats en Algérie. 50 ans après l'indépendance de l'Algérie, le président français est encore très attendu sur la question de la repentance pour la période coloniale et la guerre d'Algérie, qui a fait plus de 200 000 victimes algériennes.
En décembre 2007, lors de son déplacement en Algérie, Nicolas Sarkozy avait consenti un premier geste : pas d'excuses, mais le chef de l'état de l'époque avait reconnu que le système colonial était « injuste par sa nature ».
« Pourquoi bloquer les Algériens ? »
Autre débat, les visas. La France en délivre 200 000 par an avec un taux de refus de 20%, selon l’Elysée. Les Algériens, eux, affirment pourtant avoir du mal à se rendre en France pour affaire ou en voyage privé. Abdelhamid Si Afif, l’un des principaux responsable du Front de Libération National (FLN), le parti au pouvoir, propose directement de supprimer les visas entre les deux pays. « Si demain vous enlevez le visa, il y aura moins de demande, c’est tellement psychique ! Les gens se préparent, en se disant « je vais le demander maintenant, au cas où, dans 6 mois, je veuille aller en vacances et qu’on me le refuse. Beaucoup n’ont pas l’intention de s’installer, simplement faire un voyage d’affaire ou familial, et revenir. Pourquoi les bloquer ? », s’interroge le responsable politique.
« Faire un travail de reconnaissance »
Quant au pardon, la question reste encore très sensible. Gilles Manceron, historien spécialiste de la colonisation, ne pense pas que le terme de pardon soit adapté, mais souhaite plutôt « un travail de reconnaissance par rapport au passé colonial. Le pardon me semble une notion morale, individuelle, voire religieuse, or nous ne sommes pas dans ce rapport, mais dans un travail d’histoire et de regard lucide sur le passé ».
« Le mot d’ordre doit être la repentance »
Mais Abdelkader, fils de révolutionnaires algériens, souhaite pourtant que François Hollande fasse le pas. « Il vaut mieux, pour le peuple algérien et français, qu’il y ait une repentance, estime ce jeune algérien. Moi, je suis issu d’une famille révolutionnaire, il y a beaucoup de griefs, ça devrait passer par cette case. Si on veut vraiment que les relations algéro-françaises se réchauffent, le mot d’ordre doit être la repentance, et l’investissement massif en Algérie ». Car comme le dit Mehdi, 24 ans, qui vient d’ouvrir un snack à Alger : « Les jeunes d’ici, ils veulent un partenariat de longue durée, du travail des deux côtés. Qu’ils embauchent des gens. Ça fait plusieurs années qu’on attend Renault ou Citroën. Ici, il y a une clientèle, alors qu’en France… c’est la crise ».
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