Loi famille: les coulisses d’un enterrement

Lundi, François Hollande a décidé de reporter sine die la loi sur la famille, désavouant par la même occasion Dominique Bertinotti, ministre de la Famille. Pourquoi une telle décision, et comment a-t-elle été reçue? Éléments de réponses.
La pression monte autour de Dominique Bertinotti. Depuis l'annonce du report sine die de la loi sur la Famille, la ministre est sur tous les fronts pour assurer le service après-vente d'une décision qui révolte une partie de la gauche, et attise les moqueries à droite. Pas facile pour Dominique Bertinotti, qui, semble-t-il, n'a pas eu son mot à dire dans cette histoire. Retour sur 48 heures mouvementées.
Le choc de la ministre
Dominique Bertinotti apprend le report de la loi sur la famille lundi après-midi, par un coup de fil de Jean-Marc Ayrault. C’est François Hollande qui a tranché: lors du déjeuner hebdomadaire qu’il partage avec Jean-Marc Ayrault, il en discute avec lui et lui demande de porter sa décision.
Pour expliquer la décision du chef de l’Etat, Matignon parle d’un "embouteillage parlementaire", quand l’Elysée met plutôt en avant le risque "d’hystérisation" du débat, un an après les manifestations contre le mariage homosexuel.
La ministre est sous le choc. "A ce moment-là, l’irrationnel l’emportait sur tout", raconte-t-elle sur BFMTV. Elle a beau exprimer son désaccord, elle n’a pas le choix, et doit se contenter de prendre acte de la décision de l’exécutif. Pourtant, Dominique Bertinotti confie n’avoir "jamais pensé à démissionner. Cela ne m’a pas effleuré. J’ai des convictions à porter dans ce gouvernement". D’autant plus que François Hollande a appelé sa ministre pour lui expliquer que sa décision n’avait rien de personnel. Dominique Bertinotti s’est sentie confortée.
Les soutiens au gouvernement
La décision de François Hollande, que Marisol Touraine et Alain Vidalies, respectivement ministre de la Santé et des Relations avec le Parlement, apprennent par la presse, en choque plus d’un au gouvernement. Dominique Bertinotti assure avoir reçu le soutien de sa ministre de tutelle Marisol Touraine, mais aussi d’Aurélie Filippetti, de Guillaume Garot ou encore de Valérie Fourneyron.
Autre soutien important, celui de Ségolène Royal. La présidente de Poitou-Charentes, proche de la ministre de la Famille, la pousse à continuer d’avancer, à tracer son sillon et à ne rien lâcher.
C’est aussi dans l’hémicycle que Dominique Bertinotti reçoit un hommage appuyé de Jean-Marc Ayrault, qui la "remercie chaleureusement" pour son travail. Mais du côté des proches de la ministre, on estime que le couple de l’exécutif n’avait pas anticipé les conséquences d’un tel retrait. Les remerciements de Jean-Marc Ayrault ressemblent à un acte de contrition.
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