Le rituel du premier conseil des ministres de l'année

Ce matin, premier conseil des ministres de l’année 2013. Et comme tous les ans, le gouvernement va petit-déjeuner au ministère de l’Intérieur et se rendra à pied en face, à l’Elysée, pour les vœux du président de la République à ses ministres. À quand remonte cette tradition ?
Figurez-vous que j’ai posé la question mercredi à l’entourage de Manuel Valls... qui n’a pas été en mesure de me répondre avec précision, même en consultant les archives de la place Beauvau. Selon certains, elle daterait du deuxième septennat de François Mitterrand. Mais un ancien conseiller du ministère de l’Intérieur évoque un souvenir plus ancien, qui remonterait à Valéry Giscard d'Estaing. Nous sommes en 1978. Le Premier ministre Raymond Barre arrive dans les salons de Beauvau et s’installe alors sur une chaise qui s’effondre sous son poids. Un moment inoubliable. Les petits déjeuners ont donc plus de trente ans.
Mais à quoi sert ce rituel ?
Il s’inscrit dans la période très symbolique des vœux du Nouvel An. A l’origine, l’idée était de rassembler tout le gouvernement en un lieu proche de l’Elysée, donc, la place Beauvau voisine. Et le protocole est immuable : les ministres arrivent avant 8h45. Jean-Marc Ayrault ferme la marche à 8h50. Manuel Valls accueille tout ce joli monde pour le guider vers le salon Erignac. Surviennent alors deux configurations possibles pour ce petit déjeuner, qui va durer moins d’une heure : soit autour de petites tables rondes, qui avaient la faveur de Nicolas Sarkozy. Soit autour d’une grande table, l’identique de celle du conseil des ministres, formule retenue par Manuel Valls, faut-il y voir un signe ou une ambition.
Et ensuite, ils vont à pied à l’Elysée ?
Oui, top départ tout à l’heure entre 9h50 et 10h. Attention, c’est là que tout se joue. Les médias disposent de 2 mn pour tenter d’arracher une déclaration ou d’immortaliser l’instant. Le gouvernement devrait partir en deux groupes distincts. Les ministres vont marcher cote à cote dans la rue, à la manière des personnages du film de Luis Buñuel le Charme discret de la Bourgeoisie. C’est là que nous sur interprétons leur gestuelle, leur façon de marcher, leur positionnement, leurs affinités supposées, la guerre qu’ils se livrent secrètement pour apparaitre en première ligne et délivrer un bon mot.
Qui va attirer l’attention des journalistes ?
Jérôme Cahuzac, le brillant ministre délégué au Budget qui attend sa lettre de la banque suisse UBS, pour se sortir de sa mauvaise affaire… Arnaud Montebourg, souvent provocateur, requinqué depuis l’affaire Florange. Nous jaugerons la distance physique qui le sépare du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui organise vendredi en fin de matinée une réunion de motivation de tout le gouvernement, après un séminaire restreint à l’Elysée, autour de François Hollande, centré sur l’emploi. Nous allons tous spéculer sur un hypothétique remaniement, qui sera encore-là l’année prochaine. Mais celui qui a déjà gagné la course s’appelle Manuel Valls, puissance d’accueil, grand favori des sondages, et qui n’est pas sans rappeler l’un de ses éminents prédécesseurs, qui a traversé la rue pour s’installer un jour pour de bon à l’Elysée.
Ecoutez ici les Coulisses de la Politique de Jean-François Achilli de ce jeudi 3 janvier
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