Le mistigri d'Hollande

François Hollande a-t-il réussi à déplacer le mistigri ? Le chef de l’Etat, en annonçant ses orientations pour la moralisation de la vie politique, a cherché hier à s’enlever un peu de pression.
« Ne tombons pas dans ce piège », s’est exclamé Jean-François Copé, dès le matin, avant les annonces présidentielles. Le patron de l’UMP, devant le Bureau politique, en l’absence de François Fillon, a mis en garde ses troupes : « attention, ils vont essayer de remettre les projecteurs contre nous, avec un écran de fumée, il ne faut pas être dupe », a expliqué en substance le président du parti.
Très remonté contre le grand déballage du patrimoine des élus. Antoine Rufenacht, chiraquien historique, s’est dit prêt à rendre son mandat de conseiller municipal du Havre : « je ne veux pas de ce striptease », a-t-il dit, « il est hors de question de me soupçonner de quoi que ce soit ».
Xavier Bertrand, une fois n’est pas coutume, lui a emboité le pas ?
Le député-maire de Saint-Quentin dans l’Aisne a lancé un appel très remarqué au rassemblement. Seul Laurent Wauquiez s’est démarqué aux yeux de ses bons amis, lui qui a dégainé le premier son patrimoine dimanche dernier, et surtout qui a contesté le cumul entre un poste de parlementaire et de d’avocat d’affaires.
Une position qui vise directement Jean-François Copé ?
C’est justement ce sur quoi le chef de l’Etat va vouloir jouer, lui qui a expliqué après le conseil des ministres qu’il voulait en finir avec les conflits d’intérêts. François Hollande a cité l’exemple d’un élu qui pouvait être à ses yeux médecin, mais ne devait pas travailler dans un laboratoire pharmaceutique. Spéciale dédicace adressée à Jérôme Cahuzac.
Mais le coup est à venir : une liste des professions bientôt bannies pour les députés et sénateurs va sortir du chapeau. Et l’activité d’avocat d’affaires devrait y figurer. Une vraie bombe placée dans le jardin de Jean-François Copé et de tous ceux qui cumulent avec des activités de conseil. Le débat risque assez rapidement de changer de camp, ce qui est le but recherché à l’Elysée.
La droite a du coup redoublé de réactivité à l’Assemblée ?
Le tir lors des questions au gouvernement s’est concentré hier sur Jean-Marc Ayrault, mais aussi Pierre Moscovici. L’UMP a cherché à remettre l’affaire Cahuzac au centre du jeu. Pour ne pas se laisser embraquer dans le débat autour des mesures annoncées.
François Hollande, dans les jours qui viennent, va tenter de détourner l’attention, et sur le patrimoine des ministres, et sur le contenu de la future loi de moralisation, histoire de se donner un peu d’oxygène, plutôt raréfié ces dernières semaines.
Ecoutez ici les Coulisses de la Politique de Jean-François Achilli de ce jeudi 11 Avril.
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