La méthode Coué ne fonctionne que pour le président

François Hollande s'est adressé dimanche aux Français pour la fête nationale du 14 juillet 40 minutes d'interview télévisée.
François Hollande a eu cette phrase audacieuse : « La reprise est là. Je vous le dis, la reprise est là ». Ironie de l'opposition mais la petite phrase la plus assassine est venue de sa majorité. De Jean-Vincent Placé, le sénateur vert de l'Essonne qui a déclaré sur BFMTV : « Ca doit être l'effet du soleil ». Pour se montrer aussi optimiste, le chef de l'état s'appuye sur un chiffre magique : celui de l'augmentation de la production industrielle ces trois derniers mois par rapport aux trois mois précédents. Une hausse de 1%. Voilà à quoi tiendrait la reprise, même avec un chômage de masse, selon François Hollande.
Mais le président a-t-il quand même marqué des points lors de cette interview ?
Sur la forme oui. Discours offensif, très optimiste. Mais pas sur le fond. Le message présidentiel était plein de contradiction. « La reprise est là ». Mais François Hollande se garde bien de nous donner une date pour le retour de la croissance. Une croissance forcement sabrée par les hausses d'impôts qui seront inévitables. C'est ce qu'il fallait comprendre quand François Hollande nous a tenu ce discours: « Je ne ferai d'augmentation d'impôts que si elles sont absolument indispensable. Tout ce que j'ai demandé au gouvernement c'est le plus d'économies possibles ». Il faut savoir que les impôts vont déjà augmenté en 2014 de 0,3%. 6 milliards de plus à aller chercher dans les poches du contribuables.
Mais le président a souligné le sérieux budgétaire, le désendettement du pays. D'où l'évocation d'une éventuelle augmentation d'impôts.
Il y a d'autres façons de désendetter le pays qu'en augmentant encore et toujours les impôts. Dimanche, François Hollande n'a pas parlé de réformes. De vrais réformes pour faire, comme il l'a dit, des économies. Pas un mot sur la réforme de l'état alors que la Cour des comptes vient de souligner le gaspillage de l'état en région. Elle préconise de supprimer les doublons dans les collectivités. Il y a aussi une réflexion à mener sur la compétitivité, sur les salaires. Mais pour combattre le chômage François Hollande n'a pas présenté de nouvelles mesures. Il ne jure que par les emplois d'avenir ou les contrats de génération. Et là encore la méthode Coué : la courbe du chômage baissera à la fin de l'année : C'est pas un objectif, c'est un engagement. Et je serai jugé la-dessus. Et déjà, on en entend un certain nombre qui disent : "Vous allez y arriver avec les emplois aidés". Et si avec les emplois aidés on y arrive, c'est déjà l'objectif, c'est déjà l'engagement. Mais il faudra aller au-delà ». Le propre d'un engagement c'est qu'on est pas obligé de le tenir.
En coulisse, les conseillers de François Hollande étaient-ils eux contents de la prestation du chef de l'état ?
Oui. Car pour eux l'objectif est atteint. François Hollande faisait « très président » à l'Elysée. Fini la normalité ! D'ailleurs le chef de l'état a une idée claire de son propre destin. Il veut faire deux quinquennats. Dimanche il a donné une vision de la France sur dix ans. Comme s'il était sûr de gagner en 2017 ! Il a d'ailleurs dit ne pas craindre le retour en politique de Nicolas Sarkozy. Finalement il est frappé du même syndrome que son prédécesseur : l'hyper-présidence. Et ça, ça marche tout seul. Sans méthode Coué.
Retrouvez la chronique de Véronique Jacquier du lundi 15 juillet : Les Coulisses de la Politique
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