Vers des quotas de jeunes dans les instances politiques, économiques et sociales

Le Comité Interministériel de la Jeunesse devrait proposer jeudi des quotas de jeunes dans différentes instances (Assemblée nationale, syndicats, conseils d’administration, etc.) pour qu’ils soient mieux représentés. Une mesure « anti-démocratique », juge-t-on à droite. Les principaux concernés voient la mesure d'un bon œil mais rappellent que leur priorité reste un contrat stable.
Avoir 18 ans suffit à obtenir le droit de vote, pas forcément à intégrer les rouages du pouvoir. Pour y remédier, le premier Comité Interministériel de la Jeunesse (CIJ), qui se réunira jeudi, devrait proposer des quotas de jeunes dans les instances politiques (Assemblée nationale, partis politiques…), économiques (conseils d’administration des entreprises publiques par exemple) et sociales (syndicats, associations…).
Présidé par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et organisé par Valérie Fourneyron, ministre des Sports, de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et de la Vie associative, le Comité Interministériel de la Jeunesse (CIJ) doit permettre au gouvernement d’orienter sa politique envers les jeunes de 18 à 30 ans, l’une des priorités, avec l’emploi, de François Hollande. Le Comité sera organisé chaque année. Cinq groupes de travail ont été chargés d’élaborer des propositions concrètes dans des domaines aussi variés que l’Éducation, la formation, l’emploi, le logement ou encore la santé.
« Il est parfois nécessaire de passer par là »
Pour Maixent Genet, vice-président en charge d’innovation sociale à la Fédération des Associations Générales Etudiantes (FAGE), ce quota viendrait rétablir un certain équilibre. « Ça va dans le bon sens. Il est vraiment impératif que la société reconnaisse que l’avenir passe par la jeunesse. Le fait qu’il y ait des jeunes dans les instances de représentation est un élément qui favorisera la prise en compte de leurs attentes, au niveau public, dans les entreprises, les associations. Avoir des représentants à son image permettra d’avoir des avancées beaucoup plus rapides sur les attentes des jeunes. Il est parfois nécessaire de passer par là ».
« C’est anti-démocratique »
Mais le député UMP de Paris Bernard Debré y voit, lui, une dérive. « C’est dangereux parce que si vous faites des quotas, il n’y a plus de liberté, estime l’élu. Si vous avez dix personnes, il faut 50% de femmes, puis 25% de jeunes, et puis après il va falloir des maghrébins, des noirs, des catholiques, des protestants… On est complètement tombés sur la tête, qu’est-ce que ça veut dire, ça ? C’est très dangereux, et mine de rien, c’est anti-démocratique ».
« Ce qu’on veut, c’est un CDI »
Quant aux jeunes eux-mêmes, ils sont partagés. A 24 ans, Tristan considère que « pour le CV, c’est hyper bon, ça nous permet d’apprendre et d’évoluer plus rapidement », alors que Thibaut pense « la mesure va permettre de plus introduire les jeunes dans les prises de décision qui les concernent ». Yassine et Sophie, eux, n’en demandent pas tant. « C’est un peu comme les quotas, mettre des arabes et des noirs un peu partout, si c’est pour faire de la figuration, ce n’est pas intéressant », juge le premier. « Je ne trouve pas qu’on a assez d’expérience ni de légitimité. Nous, ce qu’on veut, c’est un CDI, le Conseil d’administration on s’en fout », conclut la seconde. Trois quarts des moins de 25 ans sont actuellement en CDD.
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