Copé/Fillon : le test comparatif au lieu du débat

Ce matin, parlons de ce fameux débat entre Jean-François Copé et François Fillon qui a eu lieu jeudi soir sur France 2. Mais était-ce vraiment un débat ?
Non, il n’y a pas eu de débat, encore moins de duel, et c’était la volonté de deux candidats à la présidence de l’UMP : ne rien laisser paraître de leur rivalité ni de leur différence de stratégie. Ca ferait désordre au sein du même parti. En revanche on a plutôt eu droit jeudi à un test comparatif. Sur la forme d’abord, tout le monde a remarqué que les deux n’étaient pas dans la même posture. François Fillon a misé sur sa présidentialisation, calme, posé, le rythme lent, il a voulu donner l’impression d’être au-dessus du lot, de survoler ce débat. Car pour François Fillon l’échéance n’est pas 2012, mais évidemment 2017.
Pour Jean-François Copé, c’est différent, il est dans la position du challenger. Il veut d’abord être chef de l’UMP, et il veut, il doit gagner cette première bataille. 2017 est encore hors de portée. Et ces deux stratégies se retrouvaient dans leur attitude, leur comportement pendant ce débat.
Mais il y aura des primaires en 2016. Fillon et Copé devront tous les deux s’y soumettre.
Oui, mais les deux hommes ne voient pas cela de la même manière. Jean-François Copé attend de connaître la décision de Nicolas Sarkozy. Il dit depuis plusieurs semaines qu’il se rangera derrière l’ancien président s’il décidait de faire son retour : « Je considère que s’il est en situation, il est important que la famille soit rassemblée autour de lui, j’en serai ».
Ce n’est pas le cas de François Fillon. Jeudi, il a clairement expliqué que c’est celui qui sera le mieux placé pour l’emporter qui portera les couleurs de la droite : « Le moment venu, je serai avec celui qui aura le plus de chances de faire gagner notre famille. Si c’est Sarkozy, je serai avec Sarkozy, si c’est Copé, je serai avec Copé. Si c’est avec moi, j’espère que Copé sera avec moi ».
Et puis Fillon a donné ce qu’on peut qualifier de coup de pied de l’âne à Nicolas Sarkozy en révélant un secret de campagne : Nicolas Sarkozy a demandé à PSA de reporter le plan social. « Il ne demande pas qu’on repousse l’annonce, mais le plan social. Il aurait été étrange qu’à la veille de l’élection, le président dise « allez-y, c’est le moment de le faire ».
Sur le plan des idées, est-ce que les 290 000 adhérents de l’UMP y voient plus clair ce matin ?
J’ai envie de dire c’est encore plus compliqué pour eux ! Car il y a eu clairement rapprochement entre les deux hommes. Un exemple : l’attitude à avoir en cas de duel entre le FN et le PS. Il y a ceux qui disent que le FN et le PS ce n’est pas pareil en terme de valeurs républicaines et qu’il faut voter PS. Et il y a les autres qui pensent que la priorité, c’est de faire perdre le PS, et donc qu’en aucun cas il ne faut voter pour lui. Et bien François Fillon a rallié clairement hier cette seconde ligne, la stratégie du Ni Ni. Mais avant il s’est confessé. Oui il a voté une fois dans sa vie Front républicain, c'est-à-dire pour faire barrage au FN : « Une fois j’ai voté pour le Front républicain, et je ne le regrette pas, c’était pour Jacques Chirac en 2002 ». Fillon a avoué avoir voté Jacques Chirac en 2002. Il faudra quand même expliquer à François Fillon qu’un vote Front républicain, c’est quand on vote pour son adversaire pour faire barrage au FN. Donc le vote républicain en 2002 était pour ceux qui avaient voté Jospin au premier tour. Est-ce cela que nous a avoué hier soir François Fillon ?
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