Cahuzac is dead

Les aveux de Jérôme Cahuzac signent sa mort politique et provoquent un chaos politique. L’Elysée a essayé d’éteindre l’incendie hier soir.
Il les aura prévenus juste avant de publier ses excuses sur son blog. Il est presque 17h, Jérôme Cahuzac prend son téléphone et envoie un SMS à François Hollande. Puis, Jean-Marc Ayrault est au bout du fil. L’ancien ministre du budget s’excuse, affirme qu’il assumera toutes les responsabilités de son acte et se dit sincèrement désolé du tort causé au gouvernement. Il n’empêche. « Nous sommes consternés et en colère, il a menti à tout le monde et 4 mois après, il demande pardon », s’indigne dans la soirée Pierre-René Lemas, le secrétaire général de l’Elysée. L’entourage présidentiel décrit une colère « froide et profonde » de François Hollande, qui disait encore sa confiance en son ministre jeudi dernier sur France 2. On ne l’a jamais vu dans cet état, raconte un proche.
François Hollande était-il au courant du compte en Suisse de son ministre ?
Non, répond l’Elysée. Le chef de l’Etat a fait savoir que le 4 décembre, jour de la révélation de Mediapart, Jérôme Cahuzac a appelé le président qui rentrait de l’inauguration du Musée Louvre-Lens, pour nier l’existence du compte. Ce qu’il a réitéré le week-end suivant à l’Elysée, puis à l’Assemblée nationale.
Pour François Hollande, la responsabilité de son ancien ministre est très lourde. L’exécutif attend que Jérôme Cahuzac renonce au mandat de député du Lot-et-Garonne qu’il doit récupérer le 20 avril prochain.
Pourquoi Jérôme Cahuzac a-t-il décidé de dire la vérité ?
Le mensonge n’était plus tenable. Les juges étaient sur le point d’aboutir dans leur enquête et l’ex ministre du budget a préféré prendre les devants. En changeant de stratégie, mais aussi d’avocat : Maître Jean Veil a succédé à son confrère Gilles August, qui ne pouvait plus défendre son ami Jérôme Cahuzac parce qu’il lui avait également menti.L’ancien ministre était effondré hier aux dires de témoins.
La polémique risque-t-elle de durer ?
Aussi longtemps que va durer la procédure. « Vous ne pouviez pas ne pas savoir », accusent la droite et une partie de la gauche. Ce à quoi rétorque un proche du président : « mais par quelle aberration politique et mentale, ne l’aurions-nous pas démissionné plus tôt ? »
L’affaire Cahuzac a jeté le discrédit sur le quinquennat d’un François Hollande entaché - malgré lui - par le doute – et cette question : le président savait-il ?
Ecoutez ici les Coulisses de la Politique de Jean-François Achilli de ce mercredi 3 Avril.
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