Le Yémen proche d'un transfert de pouvoir, selon un ministre
par Mohamed Ghobari et Cynthia Jones SANAA (Reuters) - Le président yéménite Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, s'est déclaré samedi prêt...
par Mohamed Ghobari et Cynthia Jones
SANAA (Reuters) - Le président yéménite Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, s'est déclaré samedi prêt à démissionner si on lui permettait de faire un départ dans la dignité, mais l'opposition l'a accusé de manoeuvrer pour s'accrocher à son poste.
Un peu plus tôt, le ministre des Affaires étrangères, Aboubakr al Kirbi, avait déclaré à Reuters qu'un accord de transfert pacifique du pouvoir pourrait voir le jour sous peu, sur la base d'une proposition faite par Saleh, consistant à quitter ses fonctions d'ici la fin de l'année. Un tel accord ne paraît toutefois pas imminent dans la mesure où l'opposition a durci ses positions ses dernières heures.
"Je pourrais quitter le pouvoir (...) même dans quelques heures, à condition que ma dignité et mon prestige soient préservés", a déclaré le chef de l'Etat à la chaîne Al Arabia, en ajoutant qu'il conserverait son poste à la tête du parti actuellement au pouvoir, le CGP (Congrès général du peuple), en cas de démission de la présidence.
"Je dois conduire le pays vers des rivages sûrs (...). Je suis resté au pouvoir afin d'opérer une transition pacifique(...). Je ne cherche pas à partir m'installer à Djeddah ou à Paris", a-t-il dit.
Le Yémen, petit pays pauvre et divisé sur un plan tribal, est en état de soulèvement depuis le mois de janvier, l'opposition s'inspirant des révolutions qui ont abouti des présidents en place en Tunisie et en Egypte.
Des discussions sont en cours via deux canaux pour mettre la dernière main à un accord de transition pacifique du pouvoir.
SALEH CONFIRME DES RENCONTRES
Le chef de la coalition de l'opposition a dit toutefois que les deux camps avaient encore de profondes divergences et que, s'il y avait bien eu des contacts, il ne les considérait pas comme des négociations.
"Nous avons toujours de très grandes divergences", a dit Yassine Noman, chef de la coalition d'opposition. "Je pense qu'il (Saleh) manoeuvre".
De source politique yéménite, on indique que parmi les sujets qui séparent encore les deux camps figure la question de savoir si l'opposition garantira qu'elle n'engage pas de poursuites en justice contre Saleh et sa famille. L'opposition veut de son côté être certaine que les proches du président renonceront à leurs fonctions dirigeantes.
Selon Kirbi, les discussions portent, entre autres questions, sur le calendrier d'une transition. "Je pense que le calendrier est négociable. Il ne devrait pas être un obstacle à la conclusion d'un accord", a ajouté le ministre.
Saleh, s'exprimant au micro d'Al Arabia, a confirmé que des rencontres avaient eu lieu au cours des dernières 48 heures, portant entre autres sur la question d'un discours qu'il prononcerait devant le parlement. "Il y a eu une rencontre hier et une autre avant-hier pour discuter des moyens de mettre fin à la crise", a-t-il dit samedi.
L'ambassadeur des Etats-Unis à Sanaa était présent lors de ces discussions, a ajouté Saleh, qui a indiqué qu'il souhaitait une médiation saoudienne ou de représentants de pays du Golfe.
Il s'en est pris à l'opposition, composée selon lui surtout de socialistes et d'islamistes qui cherchent à prendre le pouvoir sur le dos du mouvement des jeunes manifestants.
Eric Faye pour le service français
Votre opinion