Sept journalistes canadiens ont été surveillés par la police

Sept journalistes canadiens ont été espionnés par les forces de l'ordre. Les autorités se défendent et assurent qu'elles voulaient savoir qui était leur informateur au sein de la police. Le scandale a poussé le Premier ministre à sortir de son silence.
Le scandale continue. La liste des journalistes dont les données téléphoniques ont été collectées par la police au Québec s'est allongée mercredi avec sept journalistes au total qui ont eu la confirmation auprès des autorités d'une surveillance de leurs communications.
Après l'annonce en début de semaine de la collecte au cours des premiers mois de l'année des numéros d'appels entrants et sortants du téléphone de Patrick Lagacé, journaliste au quotidien La Presse, ce sont cinq autres journalistes identifiés qui sont venus s'ajouter à la liste ainsi qu'un septième dont l'identité n'a pas été révélée par son média.
Identifier ses sources au sein de la police
Placé sur écoute, la police a suivi tous ses déplacements grâce à la carte SIM de son téléphone portable afin d'identifier les sources au sein de la police qui pouvaient le renseigner. Grâce à 24 mandats de surveillance émis depuis le début de l'année, la police a obtenu tous les numéros entrants et sortants du téléphone de Patrick Lagacé.
Cela "constitue une attaque sans équivoque contre l'institution qu'est La Presse et contre toute la profession journalistique", a dénoncé le directeur du journal.
"Le gouvernement défend la liberté de la presse"
Le groupe audiovisuel public Radio-Canada a annoncé avoir eu la confirmation de la mise sous surveillance par la police des téléphones de trois de ses journalistes à l'automne 2013, dont l'animateur vedette de la tranche matinale. Sur la liste figurent également un journaliste du Journal de Montréal et un correspondant parlementaire de La Presse à Québec.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau est sorti de son silence en assurant que son "gouvernement défend la liberté de la presse" et qu'il ferait "le nécessaire pour l'encadrer". Il attend cependant le résultat des discussions entre la ville de Montréal et sa police avant de tirer des conclusions.
Un scandale de corruption
Dès mardi, le gouvernement du Québec avait annoncé une inspection interne des trois principaux services de police de la province en condamnant la pratique policière autorisée par la magistrature. Le chef de la police a justifié le principe de l'examen des données téléphoniques des journalistes en se réfugiant derrière la nécessité de "faire respecter la loi".
Le groupe public Radio-Canada a vivement réagi en révélant que ses trois journalistes qui avaient fait l'objet de cette surveillance étaient des journalistes d'un magazine d'investigation à l'origine des révélations d'un gigantesque scandale de corruption entre les entreprises de BTP et les partis politiques.
"Êtes-vous un journaliste? La police vous espionnant directement pour identifier vos sources, ce n'est pas qu'une hypothèse", a réagi sur son compte Twitter le lanceur d'alertes Edward Snowden, ancien consultant de l'agence de sécurité américaine NSA.
Are you a journalist? The police spying on you specifically to ID your sources isn't a hypothetical. This is today. https://t.co/6JtOIb7Q4n pic.twitter.com/p4pURXH4nU
— Edward Snowden (@Snowden) 31 octobre 2016
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