Extrême droite ou Vert? Suspense en Autriche

Les deux candidats à la présidentielle autrichienne, Norbert Hofer pour l'extrême droite FPÖ, et l'écologiste Alexander Van der Bellen, étaient au coude à coude dimanche, selon les projections des instituts de sondage à la fermeture des bureaux de vote.
Les deux candidats à la présidentielle autrichienne, Norbert Hofer pour l'extrême droite FPÖ, et l'écologiste Alexander Van der Bellen, étaient à égalité dimanche selon des projections après dépouillement de la quasi-totalité des bulletins déposés dans les urnes. Le nom du nouveau chef d'Etat autrichien ne sera par conséquent connu que lundi une fois décomptés les bulletins des 900.000 électeurs qui ont demandé à voter par correspondance. Ces votes par correspondance représentent plus de 14% du corps électoral et départageront les deux candidats.
Une victoire de Norbert Hofer, ingénieur aéronautique de 45 ans, constituerait la première élection à la tête d'un Etat de l'Union européenne d'un représentant d'un parti d'extrême droite. Il était arrivé largement en tête du premier tour, le 24 avril avec 35% des suffrages, meilleur score à un scrutin national de son parti, le FPÖ.
Alexander Van der Bellen, ancien professeur d'université de 72 ans et ancien dirigeant des Verts autrichiens, avait recueilli 21,3% des voix. En Autriche, le président n'intervient pas dans la gestion quotidienne du pays mais dispose de prérogatives importantes comme celle de révoquer le gouvernement, une option que n'a pas exclu le candidat du FPÖ "en dernier recours".
Une participation en nette hausse par rapport au 1er tour
Quelque 6,4 millions d'électeurs étaient appelés à désigner un successeur au social-démocrate Heinz Fischer, qui achève son deuxième mandat. En glissant son bulletin dans les urnes à Vienne, Alexander Van der Bellen avait déclaré croire en ses chances, parlant d'une mobilisation inédite autour de sa candidature dans les derniers jours de campagne. Dans la capitale autrichienne tout comme à Salzbourg (ouest), la participation est en nette hausse.
Au premier tour, 68,5% des électeurs avaient pris part au vote au plan national. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a exprimé sa crainte de "voir la droite pure et dure et l'extrême droite" l'emporter dimanche en Autriche, une perspective applaudie en revanche par le Front national (FN) français.
En 2000, l'entrée au gouvernement autrichien du FPÖ, alors dirigé par Jörg Haider, avait provoqué des sanctions européennes et valu à ce pays le statut de paria au sein de l'Union.
Un "président actif" , face à partis en déroute
Les partis social-démocrate (SPÖ) et conservateur (ÖVP), au pouvoir depuis la Seconde guerre mondiale, ont subi une déroute historique au premier tour, sur fond de crise migratoire et de morosité économique. Porté par la crise des migrants qui a vu 90.000 personnes demander l'asile en Autriche en 2015, soit plus de 1% de sa population, Norbert Hofer s'est gardé des dérapages ouvertement xénophobes qui avaient fait la marque de son parti par le passé.
Militant depuis sa jeunesse au FPÖ et vice-président du Parlement depuis 2013, ce député discret et policé a principalement axé son discours sur l'emploi et le niveau de vie des Autrichiens, assurant qu'il n'entendait pas voir son pays quitter l'UE, à moins que la Turquie n'y adhère.
Mais Norbert Hofer, un proche conseiller du chef du FPÖ, Heinz-Christian Strache, a prévenu qu'il entendait être un "président actif", en rupture avec le rôle essentiellement protocolaire joué jusqu'à présent par les chefs d'Etat autrichiens. Norbert Hofer, en théorie, pourrait nommer Heinz-Christian Strache à la chancellerie et provoquer ainsi de nouvelles élections. Heinz-Christian Strache a d'ores et déjà réclamé de nouvelles législatives, que son parti espère remporter. Le nouveau président, élu pour un mandat de six ans, prendra ses fonctions le 8 juillet.
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