Au moins 87 morts dans l'attentat et la fusillade en Norvège
par Walter Gibbs et Anna Ringstrom OSLO (Reuters) - La Norvège est sous le choc samedi au lendemain de la mort d'au moins 80 personnes abattues par...
par Walter Gibbs et Anna Ringstrom
OSLO (Reuters) - La Norvège est sous le choc samedi au lendemain de la mort d'au moins 80 personnes abattues par un homme déguisé en policier lors d'un rassemblement de jeunes partisans du Parti travailliste, au pouvoir, sur une île au nord d'Oslo.
Quelques heures auparavant, un attentat à la bombe a dévasté le quartier abritant le coeur du pouvoir dans la capitale norvégienne vendredi après-midi, faisant au moins sept morts.
"Les informations dont nous disposons actuellement font état d'au moins 80 morts", a déclaré le chef de la police norvégienne, Oystein Maland, au cours d'une conférence de presse consacrée à la fusillade.
"Nous ne pouvons pas garantir que ce bilan ne s'alourdira pas", a-t-il ajouté, en précisant que des blessés se trouvaient dans un état grave.
La police a arrêté l'auteur des coups de feu sur l'île d'Utoya et elle soupçonne ce Norvégien de 32 ans d'être impliqué dans l'attentat à Oslo. D'après la chaîne de télévision privée TV2, cet homme, décrit comme grand et blond, est lié à l'extrême droite.
La police a découvert des explosifs sur l'île. Elle a perquisitionné dans l'appartement où vivait ce suspect dans l'ouest d'Oslo et une dizaine de policiers ont été postés devant cet immeuble en brique rouge de quatre étages.
MESSAGE SUR TWITTER
"Nous travaillons toujours sur l'hypothèse selon laquelle plusieurs personnes pourraient être impliquées", a dit un autre dirigeant de la police, Sveinung Sponheim, en soulignant que les motivations du suspect restaient floues.
D'après les médias norvégiens, cet homme s'appelle Anders Behring Breivik. Sa page Facebook semble avoir été bloquée tard vendredi soir. Auparavant, on pouvait y lire que ses centres d'intérêt comprenaient notamment le culturisme, le conservatisme politique et la franc-maçonnerie.
D'après les médias norvégiens, il a créé un compte Twitter il y a quelques jours mais il n'y a posté qu'un seul message, le 17 juillet: "Une personne avec une conviction est aussi forte que 100.000 autres n'ayant que des intérêts."
Un ami cité par le quotidien norvégien Verdens Gang affirme que le suspect a adhéré aux thèses d'extrême droite à l'approche de ses 30 ans. Dans des débats sur internet, il exprimait des opinions fortement nationalistes et il s'opposait vivement à l'idée selon laquelle des personnes de cultures différentes peuvent vivre côte à côte.
Des témoins ont raconté que cet homme tirait au hasard tout en progressant sur la petite île boisée et touristique d'Utoya, où de jeunes partisans du Parti travailliste s'étaient réunis pour un camp d'été.
Alors que les coups de feu résonnaient, les jeunes paniqués cherchaient désespérément un abri, certains fuyant dans les bois, d'autres plongeant dans le lac.
Dans la nuit, des bateaux aidés par des hélicoptères ont cherché des survivants dans les eaux ou sur les rives du lac, balayées par la lumière de projecteurs.
PAYS PEU HABITUÉ À LA VIOLENCE
Avant cette fusillade, une bombe a explosé vendredi après-midi dans le centre d'Oslo, soufflant les vitres des bureaux du Premier ministre, qui n'était pas présent au moment de l'attentat, et endommageant les sièges des ministères des Finances et du Pétrole.
Tandis que la police conseillait aux habitants de quitter le centre de la capitale norvégienne, des militaires ont été déployés dans certaines rues. Oslo, habituellement calme, était prise de peur et ses rues étaient jonchées de gravats, de pièces métalliques et de bris de glace.
"J'ai un message à adresser à celui qui nous a attaqués et à ceux qui sont derrière cela", a déclaré Jens Stoltenberg lors d'une allocution retransmise à la télévision. "Personne ne nous réduira au silence avec des bombes, personne ne nous réduira au silence avec des armes à feu."
Il a refusé de se prononcer sur les auteurs éventuels de ces attaques.
Jakub Godzimirski, expert au sein de l'Institut norvégien des Affaires internationales (Nupi), privilégie la piste de l'extrême droite plutôt que celle des extrémistes islamistes.
"Ce serait très étrange que des islamistes choisissent un angle de politique locale. L'attaque contre le rassemblement des jeunes travaillistes suggère quelque chose de différent. Si des islamistes avaient voulu commettre un attentat, ils auraient pu faire exploser une bombe dans un centre commercial proche plutôt que sur une île reculée", a-t-il dit.
Pays peu habitué à la violence sur son sol, la Norvège est membre de l'Otan et elle a déjà été menacée en raison de son implication militaire en Afghanistan et en Libye. Elle est aussi réputée pour ses tentatives de médiation dans les conflits à travers le monde et elle accueille chaque année la remise du prix Nobel de la paix.
Avec Gwladys Fouché, Victoria Klesty, Henrik Stolen et Ole Petter Skonnord à Oslo, William Maclean à Londres et Patrick Lannin à Stockholm; Bertrand Boucey pour le service français
Votre opinion