Attentats en Norvège : portrait d’un assassin « sans remord »

Trois jours après l’attentat d’Oslo et la fusillade de l'île d'Utoya qui ont fait 93 morts, le principal suspect, Anders Behring Breivik, qui assume « un acte cruel mais nécessaire », est passé ce lundi devant un juge. « Un acte de "héros négatif", fasciné par les armes à feu, comme la plupart des tueurs de masse... », estiment les spécialistes.
Ce lundi à midi, la Norvège observe une minute de silence, en hommage aux 93 victimes des deux attaques de vendredi. La première, un attentat à la voiture piégée à Oslo ; et la seconde, une fusillade sur une l'île d'Utoya, où se déroulait l'université d'été des jeunes du parti travailliste au pouvoir.
Hier dimanche, Anders Behring Breivik, le Norvégien proche de l'extrême droite qui a commis ces deux attaques, a affirmé avoir planifié ce carnage de longue date et avoir agi seul. Il doit être présenté à un juge ce lundi pour un placement en détention provisoire. Il souhaite une audience publique et comparaître en uniforme, a indiqué son avocat dimanche soir, précisant qu’il « ne sait pas de quel uniforme il s'agit ».
« Un acte cruel mais nécessaire »
Peu avant de passer à l'acte, Anders Breivik, qualifié de "fondamentaliste chrétien" de droite par la police, a diffusé sur Internet un manifeste de 1 500 pages truffé de diatribes islamophobes et antimarxistes. Il y évoque « l'usage du terrorisme comme un moyen d'éveiller les masses ». D'après son avocat, l’homme « considère que c'était cruel de devoir mener ces actions mais que, dans sa tête, c'était nécessaire ».
« Absolument aucun remord »
Et pour Stéphane Bourgoin, spécialiste des tueurs en série et tueurs de masse, auteur de Serial killer : enquête mondiale sur les tueurs en série (Editions Grasset), il est clair qu’un tel tueur ne peut éprouver du remord : « Il a tout à fait conscience de la portée de ses actes, mais il n’a absolument pas le moindre remord, puisqu’il indique qu’il a commis des actes cruels mais tout à fait nécessaires. Il voulait créer un choc, une sorte de révolution en Norvège, car l’action politique du parti dans lequel il militait, ne suffisait plus et qu’il était temps de passer aux actes ».
« Un acte mégalomaniaque, de "héros négatif"… »
Le Docteur Roland Coutanceau, psychiatre et criminologue, explique les deux objectifs de ce tueur : « D’abord, le sens de son acte : il veut donner un coup d’arrêt à une ouverture trop large de son pays par rapport aux émigrés ; il s’attaque à la politique de ce premier ministre-là, de ce gouvernement. Ça c’est la partie visible de son acte. Il y en a une deuxième, plus personnelle : au fond, c’est un acte mégalomaniaque, de "héros négatif", qui veut frapper les esprits en laissant sa trace dans l’histoire avec un acte héroïque négatif, hors-norme, qui satisfait certains aspects de son narcissisme, de son amour-propre ».
« Fasciné par les armes à feu, comme la plupart des tueurs de masse... »
Stéphane Bourgoin dresse le portrait psychologique d’Anders Breivik : « C’est quelqu’un de calculateur, de tout à fait organisé et minutieux, qui a des troubles psychologiques profonds, considéré comme une personne tout à fait isolée, en marge de la société, qui passe l’essentiel de ses journées sur Internet. Et comme la plupart des tueurs de masse, il a une fascination certaine pour les armes à feu, la chasse. C’est quelqu’un qui a une très pauvre opinion de lui-même et qui désire montrer sa toute-puissance au monde ».
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