Après la reprise d'Alep, le régime syrien va poursuivre son offensive contre les rebelles

Après la reprise d'Alep par le régime syrien, les insurgés sont "assommés" mais les forces gouvernementales entendent continuer leur offensive. A Idleb d'abord, une ville voisine d'Alep qui sert désormais de refuge aux rebelles, mais aussi en tentant de convaincre ces derniers de les rejoindre.
La partie est d'Alep échappait aux mains du régime de Bachar al-Assad depuis juillet 2012. Jeudi, l'armée syrienne a finalement repris la totalité de la ville après une offensive de plus d'un mois. Parallèlement, des dizaines des milliers de civils ont été évacués.
Vendredi, les forces gouvernementales ont pénétré les ex-bastions rebelles, à la recherche d'explosifs et de mines laissés par les insurgés. Les forces du régime sont appuyées par un bataillon de la police militaire russe qui compte entre 300 et 400 soldats.
L'opposition assommée, le risque terroriste renforcé
Avec la perte de ce territoire et de combattants, l'opposition qui est loin d'être unie a vécu "une grande perte", souligne Yasser al-Youssef, un responsable du bureau politique du groupe rebelle Nourredine al-Zinki à l'AFP. Résultat, "les révolutionnaires et les modérés se retrouvent assommés", affaiblis et divisés, commente Nicolas Hénin.
Selon le journaliste spécialiste du Moyen-orient joint par BFMTV.com, le régime syrien et son allié russe tentent de faire rentrer l'opposition dans le rang. "Une campagne importante de négociation est en cours avec les groupes armés pour qu'ils rejoignent le régime avec des financements russes pour créer des milices", une campagne qui "porte ses fruits", précise-t-il.
La reprise d'Alep pourrait aussi entraîner une hausse du terrorisme en Syrie et "potentiellement ailleurs". "En prétendant lutter contre le terrorisme et en qualifiant les rebelles de terroristes, le régime a fini par créer une prophétie autoréalisatrice", explique Nicolas Hénin. Les images d'Alep bombardée et en état de siège ont fait le tour du monde entier. Elles offrent "une grosse capacité de mobilisation terroriste, (...) on l'a vu avec la vague d'attentats à Ankara, Berlin, en Somalie et en Irak".
Les jihadistes seuls contre les Turcs au nord
Si ni le régime de Bachar al-Assad ni la Russie ne se soucient de l'implantation de Daesh en Syrie, laissant les Occidentaux mener des frappes, l'organisation terroriste progresse dans le nord du pays. "L'EI marque des points importants contre les Turcs, jeudi ils ont capturé deux blindés de fabrication allemande", ajoute le journaliste.
La Turquie a essuyé de nombreuses pertes à Al-Bab, bastion jihadiste des rebelles syriens. Seize soldats d'Ankara ont été tués mercredi et 88 civils sont morts après des bombardements de l'armée turque. Toujours dans le contexte de cet affrontement, Daesh a diffusé jeudi une vidéo montrant deux hommes, présentés comme des soldats turcs, brûlés vifs. Dans le nord, les jihadistes ont "profité de l'espace qu'on leur a laissé libre, le régime et les Russes sont occupés à Alep, les Occidentaux à Mossoul", précise Nicolas Hénin.
Idleb, prochaine cible du régime
Bachar al-Assad et la Russie n'ont pas fini leur offensive contre les rebelles et pourraient s'attaquer prochainement à Idleb. Située au sud ouest d'Alep, cette ville accueille "50.000 combattants" menés par al-Qaïda, d'après Fabrice Balanche dans Le Figaro. Mais "l'ironie tragique de l'évacuation d'Alep", assure Nicolas Hénin, est d'avoir conduit les 35.000 civils et rebelles vers Idleb, prochaine cible du régime.
D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), l'offensive militaire a tué 465 civils à Alep-est dont 62 enfants. 142 civils dont 42 enfants ont été tués par des tirs rebelles dans l'ouest de la ville.
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