Après avoir perdu des territoires, Daesh n'arrive plus à se financer

Les spécialistes estiment que les recettes du groupe terroriste sont passées de 1,9 milliard de dollars (environ 1,8 milliard d'euros) en 2014 à 870 millions de dollars (819 millions d'euros) l'an dernier.
L'influence de Daesh attaquée de toute part en 2016. Entre le mois de janvier et celui d'octobre de l'an dernier, l'organisation terroriste a perdu 16% de son territoire face aux opérations de la coalition internationale. Son plus gros échec a été la perte d'une partie de la ville de Mossoul, en Irak, alors que les forces irakiennes viennent de lancer une nouvelle offensive pour récupérer la partie ouest. A ces échecs militaires s'ajoutent des pertes financières considérables.
Si la véritable richesse de Daesh reste difficile à chiffrer, ses recettes ont nettement chuté passant d'1,9 milliard de dollars (1,8 milliard d'euros) en 2014) à 870 millions de dollars (819 millions d'euros). "Le groupe terroriste dispose de plusieurs sources de ressources. "Son modèle économique était de se développer constamment et de piller les zones qui font parties du califat", détaille à AP Peter Neumann, chercheur au centre international d'étude sur la radicalisation basé à Londres.
De moins en moins de ressources
Selon les chiffres de la coalition internationale cités par The Independant, Daesh a perdu, depuis 2014, 62% de son territoire en Irak et 30% en Syrie. Un frein pour les finances de l'organisation terroriste qui s'appuie largement sur les impôts et les taxes imposés aux civils installés dans ces zones. Les revenus attribués au pillage et à la confiscation des oeuvres d'art antiques, pour la revente, sont également en déclin.
L'exploitation des installations pétrolières confisquées par Daesh demeure la deuxième source de revenu du groupe terroriste. Selon le Washington Post, en 2014, le groupe terroriste pouvait produire entre 30 à 70.000 barils de pétrole par jour, vendus de 26 à 35 dollars l'unité sur le marché local. Daesh possède également ses propres raffineries capables de produire l'équivalent de 2 millions de dollars (1,57 million d'euros).
Baisse des salaires
Pour frapper au coeur de l'économie des terroristes, la coalition internationale vise régulièrement ces installations pétrolières. Daesh opte aussi pour la stratégie de la terre brûlée. A Mossoul, après la reprise de la ville par l'armée locale, les combattants ont incendié un vingtaine de puits de pétrole. Une situation qui dure depuis des mois. L'organisation terroriste tente de brouiller la visibilité des avions qui mènent des frappes aériennes mais se prive d'une source de revenus.
Pour faire face à cette situation, Daesh a entrepris de réduire les salaires de ses combattants en Irak et en Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. D'après les calculs de l'OSDH, cette mesure ferait descendre le salaire des Syriens faisant partie des rangs de Daesh à 200 dollars par mois (183 euros), et celui des combattants étrangers, payés le double, à 400 dollars. "Bien que les finances de l'État islamique soient affectées par des pressions sur l'organisation et son projet d'édification de l'État, des efforts plus larges continueront d'être nécessaires pour le vaincre", reconnait Peter Neumann.
Car bien que les finances de Daesh soient touchées, sa capacité à agir en dehors de son territoire n'est pas atteinte. Les récents attentats de Berlin ou de Nice le prouvent avec des attaques ne nécessitant pas d'engager des frais importants. La découverte, à Montpellier, d'un laboratoire permettant de fabriquer du TATP, un puissant explosif, révèle également la possibilité pour des jihadistes d'en concevoir à bas prix.
"Le recul des recettes peut ne pas avoir d'effet immédiat sur la capacité du groupe à mener des attaques terroristes en dehors de son territoire", conclut le rapport du centre de recherche.
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